Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

DIMANCHE 25 Novembre 2018

Culte à Trescléoux (05700)

Lectures du Jour :

Esaïe 63,16-64,7

Marc 13, 33-37

1 Corinthiens 1, 3-9

Lettre (apocryphe) de Paul aux chrétiens de France

À la manière d’une prédication du pasteur Martin Luther KING, prononcée le 04 novembre 1956 à Montgomery, Alabama.

1 Paul, apôtre de Jésus le Christ par la volonté de Dieu à l’Église de Dieu qui est en France et à et tous ceux qui ont été appelés par Jésus-Christ, en tous lieux, à témoigner de son Évangile : grâce et paix à vous de la part de Dieu, notre Père, et du Seigneur Jésus-Christ.

J’ai tant désiré venir vous rendre visite que mon cœur brûle au moment de vous écrire. En effet, on parle de vous dans le monde entier comme la patrie des Droits de l’Homme. Votre langue douce et complexe, votre histoire longue et épique, votre culture ancienne et riche, votre gastronomie savoureuse et réputée, vos paysages tous aussi typiques les uns que les autres, la liste est longue des superlatifs qui vous décrivent ! Ainsi vous êtes une puissance de ce monde et avec l’aide de Dieu, ensemble vous pourrez témoigner aux dirigeants comme aux foules que l’amour de Dieu n’est pas un vain langage.

Certes, il semble que Dieu vous a donné tant de grâces que cela vous donne en retour bien des responsabilités. En effet, n’est-ce pas le riche, le puissant, le célèbre, l’honoré, le bénit qui a des devoirs envers celui qui est pauvre, impuissant, inconnu, ignoré et maudit ?

La noblesse est une vertu du cœur et non de la bourse. Or Dieu vous a anoblis par l’amour dont il vous revêt en Jésus-Christ. Vous êtes les aristocrates que le Christ a appelés à sa suite pour fonder son royaume. Vous êtes les princes que le Christ a nommés pour administrer cette terre selon ses commandements.

Vous êtes les soldats que le Christ a désignés pour combattre les puissances du Malin et défendre la Cité de Dieu.

Vous êtes des enfants de lumière que Dieu a fait naître au creux de l’obscurité.

2 Cependant, j’entends que des peurs profondes vous agitent. Des peurs préhistoriques que l’Évangile nous a appris à dominer.

En effet, ces peurs d’un monde ancien vous font croire que l’autre est un étranger à vous-mêmes comme le figuier l’est de la vigne, comme le sable l’est du roc, comme l’esclave l’est du citoyen. Pourtant le figuier ne puise-t-il pas à la même terre que la vigne ? Le sable ne provient-il pas du roc ? L’esclave n’est-il pas fait de la même chair que le citoyen ?

Or, plus vous aurez peur plus vous donnerez raison à vos dirigeants de les entendre, de les comprendre, de les accepter, d’en faire des lois, puis des vérités. Que Dieu vous préserve de cela ! Souvenez-vous que Dieu ne peut rien contre l’obstination des peuples qui partent à la guerre les uns contre les autres. Dieu ne peut pas faire taire le son des tambours, des bottes, des chenilles, des canons ni des pleurs.

Et vous devriez le savoir, vous, Église de France.

Mais Dieu peut soulever des paroles plus puissantes que des balles de fusil. Dieu peut soulever des armées de bras pour porter les blessés de la vie. Dieu peut soulever des armées de mains pour soigner les mutilés de l’humanité. Dieu peut soulever des armées de jambes pour marcher sur les chemins impossibles, piétiner les banderoles haineuses, fouler les lois iniques, manifester contre la foi cynique.

3 Car si les Écritures nous commandent de ne pas nous fabriquer d’idoles, il semble bien que beaucoup parmi vous se soit fabriqué une idole de Dieu lui-même. Comble de la foi que de pétrifier le Dieu vivant dans le marbre des traditions humaines et des mentalités du passé ! Comble de la foi que d’enfermer le Dieu amour dans la prison des scandales, de l’hypocrisie, des manigances, des discours de rejet, de condamnation morales, et d’excommunication de frères et sœurs !

Toi, pour qui te prends-tu, toi que Dieu a touché par sa grâce sans condition, toi que Dieu aime malgré tes vices, toi que l’Évangile a fait renaître et fait grandir, toi qui n’es rien pour prétendre recevoir de Dieu ce qu’il te donne ?

Oui toi, pour qui te prends-tu quand tu dis à un autre qu’il n’est pas assez pur, sincère, loyal, pas convaincu pour mériter cet amour que tu ne possèdes même pas toi-même ?

Pour le Christ, je ferai ce qui est contraire à moi-même pour aller aider un frère ou une sœur.

Pour Christ, je ferai ce qui est contraire à la loi des hommes pour porter secours à un seul des enfants de Dieu qui demande asile et amour.

Pour Christ, je ferai même ce qui est contraire à la loi de Dieu pour témoigner envers mes semblables que Dieu ne les abandonne pas, mais qu’au contraire, il peut même descendre en enfer pour venir les en sauver.

C’est bien ainsi, frères et sœurs que s’accomplit la puissance de Dieu. Elle s’accomplit dans la faiblesse, dans la fragilité, dans l’humilité, dans la détresse, dans la compassion.

Ne faites pas de la puissance de Dieu votre propre impuissance à aimer votre prochain.

4 Croyez-vous vraiment que notre Seigneur Jésus-Christ vous a confié le ministère de la peur pour craindre celui qui n’a rien hormis sa peine ? Voyez ces misérables qui n’ont pas eu peur de venir à pied, à travers mer et désert, jusqu’aux sommets de vos belles montagnes !

À moins que ce ne soit justement leur folle espérance qui vous inquiète. Car en voyant ces semblables qui ont su vivre avec la peur de mourir, réalisez-vous combien vous êtes déjà morts d’avoir peur de vivre. Peur d’aimer. Peur d’espérer ?

À quoi sert la religion si elle entretient peurs et enfermements ?

À quoi sert la foi si elle engendre méfiance et refoulement ?

À quoi de sert Dieu si vous en faites l’idole de tous vos commandements à vous ?

Certes vous avez le droit d’avoir peur. Mais en Christ, vous avez le devoir de les dominer, de les dépasser. Ce n’est pas vous qui agissez alors mais le Christ en vous. Dans son mystère, si vous vous soumettez à lui – comme un patient se soumet aux mains du médecin – il prendra le contrôle de votre bouche, de vos pieds, de vos doigts, de votre esprit pour agir dans ce monde qui est le sien.

5 Sœurs et frères, ce sont là les mots d’un homme d’un monde disparu et pourtant toujours là. Car si votre médecine fait des miracles, si vos progrès techniques ont fait du monde un village, si vos rêves sont devenus réalités – marcher sur la Lune et bientôt coloniser Mars – l’humanité demeure inchangée. Le cœur pécheur de l’être humain est le même depuis le fond des âges. Seule une réforme de chaque instant pourra vous amener à vous libérer des puissantes illusions et des trompeuses émotions. À cela, ni un Calvin, ni un Farel, ni même un Pape ne vous y conduiront. Seul le Christ le peut à condition que vous le vouliez.

À la faveur d’un geste ou d’une parole, à la faveur d’une écoute ou d’un silence, à la faveur d’une grâce, vous avez le pouvoir de semer l’Évangile sur votre chemin comme on sème des graines de fleurs dans son jardin.

Votre jardin, qui a été le mien avant vous, est bien abîmé. Il paraît que vous avez découvert un nouveau continent – le continent plastique de – grand comme cinq fois votre pays. Un continent flottant de déchets en tous genres; continent neuf d’un vieux monde. Frères et sœurs, vous devez y faire entendre l’Évangile là aussi. Les désastres écologiques sont les stigmates des désastres sociaux, économiques et spirituels. L’humanité doit apprendre à prendre prend soin de cet Éden faute de quoi elle en sera chassée comme Adam et Ève. Car jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas d’autre exemplaire de ce monde dans l’univers. Il n’y a pas d’autre humanité.

6 Jésus-Christ est pour nous la figure, le chemin, l’accomplissement de cette humanité. Humanité souffrante car humanité vivante. N’ayez pas honte de vos blessures. C’est par elles que la lumière de Dieu rentre en vous.

N’ayez pas peur de vos peurs. C’est par elles que la parole du Christ agit en vous.

Ne soyez pas en colère contre les autres mais contre vous-mêmes de ne pas être assez patients, aimants, reconnaissants, conciliants, généreux, tolérants, confiants, enthousiastes, combattifs, résolus.

Car frères et sœurs du début du 21ème siècle, Dieu vous a donné sa victoire comme il nous la donna avant vous. Qu’avez-vous donc à crainte que nous n’ayons dû souffrir avant vous ? Dieu n’abandonne pas les siens. Pas même ceux qui lui tournent le dos.

Alors, que Dieu vous soit en aide. Saluez pour moi les Églises de Dunkerque et de Menton, de Brest et de Strasbourg.

Saluez pour moi l’Église de Clermont-Ferrand, d’Ajaccio ; de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Mayotte ; de Papeete et de Pointe-à-Pitre ; de Saint Denis de la Réunion à Saint Denis en Île de France.

Saluez enfin l’Église de Gap dont bien de ses membres brillent d’Évangile avec l’aide de Dieu.

Que le Christ vous guide vers la concorde dans la multitude de ses visages.

Amen !

Pr Arnaud VAN DEN WIELE.