Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
DIMANCHE 13 mai 2007
Culte à GAP (05000)

Textes Bibliques :
Jean 14, 23-29 (voir également sous cette référence, méditation du 21 Mai 2017)
Actes 15, 1-29
Apocalypse 21, 10-23
J’aime la loi…elle fait tout à ma place !!
- « Madame le pasteur, c’est combien vos tarifs pour l’enterrement de mon père ? »
- « Nous n’avons pas de tarif défini, pas de règle. C’est en votre âme et conscience que vous versez à l’Eglise qui ne vit que de dons ce que vous décidez vous-même de donner».
- « Ah oui, mais ce n’est pas facile. J’aurais préféré un chiffre ; alors dites-moi ! »
- « Non Monsieur ; c’est à vous de prendre votre décision de ce qui vous paraît juste».
Ce genre de discussions, je l’ai à peu près à chaque enterrement.
Hélas, ce discours n’est pas toujours très porteur de fruits…
Certains vont alors demander à leurs amis catholiques ; là, les tarifs sont au moins clairement affichés.
D’autres seront un peu mal à l’aise mais donneront ce qu’ils pensent être « légitime » ( et ce mot ne vient-il pas du mot « loi » ?!!!)
Enfin, certains prendront cet appel à la responsabilité comme une invitation…à ne rien donner. Après tout, si on ne fixe pas de tarifs, de règles tarifaires, c’est bien qu’on n’en a pas besoin, n’est-ce pas ?!!!!
Autre exemple ; lorsque j’enseignais la philosophie aux classes de Terminale, l’un des thèmes abordés était la liberté. Bien évidemment, on y abordait la dimension de la loi.
Un jour, un élève a affirmé devant toute sa classe : « m’dame, les lois, elles sont nécessaires ; toutes les lois ».
Moi, un peu étonnée de ce jeune de 18 ans affichant une attitude détonnant de celle des autres, lui demandais pourquoi il pensait ça…
Bin m’dame, les lois, elles sont faites…pour être contournées !! Si y a plus de loi, c’est plus amusant quoi !!!
L’humain aime la loi.
En règle générale, l’Homme a besoin de lois, de règles.
Et c’est vrai que pour un « vivre ensemble », pas question de n’en faire chacun qu’à sa tête.
La loi rassure. La loi sécurise. La loi évite aussi parfois de trop réfléchir. Elle permet aussi certaines fois de ne pas se « mouiller » personnellement.
Peut-être alors est-ce l’un des grands points qui nous distingue du catholicisme.
L’Eglise catholique édicte des règles, des doctrines, des lois qui lui semblent en adéquation avec sa lecture des textes. L’Eglise catholique a des règles pour tous les domaines de la vie, que ce soit dans le domaine spirituel, ou dans tous les domaines éthiques.
Le protestantisme, depuis la réforme, a une perception de la conscience personnelle comme étant seule valable, à la lumière de l’Esprit saint.
Pas facile. Pas facile du tout même !!
Imaginez. On dit aux français dès demain : bon, vous tous, vous avez un certain travail à faire ; faites-le ; passez-y le temps que vous pensez nécessaire. A vous de gérer votre temps de travail…Et ce, pour tous les postes !!!
Bonjour la pagaille et l’anarchie !!!
Oui, l’Homme a certainement besoin de lois, de codes.
Mais qu’en est-il de notre façon de vivre et de faire des choix ?
Qu’a voulu dire l’apôtre Paul lorsqu’il dit : « Tout m’est permis mais tout n’est pas utile ; tout m’est permis mais tout n’édifie pas ? »
Dans un premier temps, je montrerai la nécessité de la loi pour l’homme ; puis en quoi elle présente des limites et en quoi dans certains domaines elle est devenu valeur caduque.
Puis je partagerai avec vous ce qui me semble être une nouvelle manière de vivre, d’envisager la vie, une fois la page de la loi tournée.
Lorsque j’étais étudiante en théologie à Aix, la grande question que nous nous posions, nous étudiants, était de savoir si le dimanche…nous pouvions réviser…
J’en vois qui sourient !!! C’est pourtant très calviniste comme question.
Ayant posé la question à notre professeur de théologie systématique, il nous répondit que le dimanche était le jour totalement consacré au Seigneur, et qu’il n’était en aucun cas question de réviser…
J’étais en retard dans mes révisions…et donc très embêtée… valait-il mieux violer la loi du sabbat et avoir des résultats corrects à mes examens… de théologie (donc pour servir…Dieu !!), ou bien observer le sabbat, …et repasser mes examens en Septembre ?
J’ai péché discrètement contre la Loi… et j’ai eu mes examens, tout en culpabilisant… !!!
La loi en tant que vivre ensemble est nécessaire ; le code de la route ; le code pénal ; le code civil ; certaines normes, notamment de sécurité, sont pour le bien de l’homme.
Mais nous sommes bien d’accord que ces lois sont faites pour servir l’homme, et non l’homme là pour servir les lois.
Et c’est souvent cette confusion qui est dérangeante.
Dans le passage des Actes, la question est de savoir si la circoncision est nécessaire, essentielle même ; condition de salut.
Le sabbat a été fait pour l’Homme, et non l’homme pour le sabbat.
Et je crois qu’il en est de même pour toute la vie de l’Eglise : le baptême a été fait pour l’homme et non l’inverse ; et le baptême n’est pas une nécessité pour Dieu.
Ma mère, à l’âge de 60 ans, m’avoua un jour en pleurs qu’elle avait fait sa confirmation et sa communion à l’âge de 15 ans, mais qu’elle n’avait jamais été baptisée…Et elle me demanda s’il fallait qu’elle passe par les eaux du baptême pour être sauvée…n’était-ce pas du légalisme ?
La sainte cène n’est pas une nécessité , une règle pour Dieu…c’est un cadeau !!!
La pratique à l’Eglise n’est pas une loi, c’est une grâce !!!
On ne vient au temple ni pour gagner quelque chose, ni pour faire plaisir à Dieu !!!
Mais notre naturel légaliste nous rattrape souvent : les règles, on les aime ; je disais tout à l’heure qu’elles rassurent. La robe pastorale, ça rassure. La chaire, ça rassure. Lire la Bible uniquement dans la version protestante Segond ( de préférence pas révisée !!), ça rassure…
Pourquoi pas…
Pourtant, le texte des Actes nous montre les dangers d’une pratique qui ne serait plus concentrée sur l’essentiel, c’est-à-dire la relation au Christ, mais sur ce qui est censé nous aider dans cette relation. Et donc n’être qu’instrument ?
L’important est-il la relation au Christ ou la circoncision ?
L’important est-il la position des bancs dans le temple ou la lecture de la Bible ?
L’important est-il de chanter les psaumes de nos ancêtres ou de louer Dieu de tout notre cœur ?
L’important est-il de se réclamer du protestantisme et de ses ancêtres galériens ou est-ce d’avoir à cœur d’avoir une relation vivante, véritable à Jésus-Christ ?
La loi, les lois, ne peuvent en aucun cas être un frein, un filtre à notre relation à Dieu.
La loi, les lois, ne peuvent en aucun cas être un frein, un filtre à notre relation aux autres, nos prochains.
Aucune loi, aucune règle ne doit être là pour désunir ; pour éloigner ; pour angoisser ; pour asservir.
Mais, me direz-vous, alors comment faire ? Comment vivre ?
Le texte de l’Evangile nous donne la clé.
Oui, c’est vrai, le peuple du premier testament n’a pu respecter les lois et autres règles. Il s’est fourvoyé ; il n’a pu que constater ses échecs.
Dieu a donc envoyé son fils, le seul qui ai pu vivre totalement les lois, les commandements, sans qu’ils ne deviennent pierre d’achoppement.
Mais le Dieu de Jésus –Christ, après ce dernier, ne nous dit pas : « maintenant que vous avez eu le Christ, débrouillez-vous ».
Voilà La clé qui peut nous permettre d’avancer, non plus en petits enfants incapables de se débrouiller sans règles, lois, décrets et autres commandements :
Cette clé s’appelle l’Esprit-Saint.
« je ne vous laisse pas seuls ; je vous donne la paix ; je vous donne ma paix. Je vous envoie un consolateur, l’esprit saint ».
L’Esprit- saint ? Quèsaco ?
Oh ! Juste une petite lumière qui, quand nous avons des décisions à prendre, nous permet de ne pas rester dans le noir. Nous permet de ne pas nous précipiter vers la première loi, la dernière règle édictée.
L’Esprit-saint ? C’est Dieu qui nous veut enfin adultes !!! Finis les « fais pas ci, fais ça » !!!
Maintenant, c’est le temps venu de la grâce, où Dieu nous veut responsables. Veut que chacun d’entre nous prenne des décisions qui lui semblent en accord avec sa volonté, avec ce qu’il y a de mieux. Eclairés par lui, par son Esprit.
Et tant pis si nous nous plantons. Tant pis si parfois nos décisions échouent. Nous aurons été responsables, et Dieu nous relèvera.
Après cette période électorale mouvementée, je crois qu’il nous faut chacun reprendre conscience que c’est Dieu, avant toute personne et avant toute chose, qui nous veut militants. Militants de la liberté responsable ; militant du choix personnel éclairé ; militants de la décision adulte et non pas dictée ; militants des choix qui nous permettent d’avancer ; et de faire avancer son royaume, parce que faisant avancer l’humanité.
Faut-il être circoncis ?
Faut-il aller au temple tous les dimanches ?
Faut-il chanter 30% de cantiques anciens dans chaque culte ?
Faut-il adhérer à tout sous prétexte que la majorité pense ceci ou cela ?
La seule loi valable, c’est la loi d’amour de Jésus-Christ, qui nous a appelés à la liberté pour changer le monde et faire de nos vies des louanges à Dieu.
Alors, à nous de relever les manches de notre cœur, les manches de notre responsabilité, les manches de notre engagement chrétien, en remettant nos décisions comme nos incertitudes à Dieu.
Et là, nous nous approcherons de son Royaume. Guidés par son Esprit.
Amen !!
Nathalie Paquereau.