Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

Dimanche 12 Mai 1929 à Montélimar

Confirmation des Catéchumènes

On reconnaissait qu'ils avaient été avec Jésus (Actes 4 - 13)

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Fr et S., chers catéchumènes,

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Le jour est venu où l'effort que vous avez fourni durant quelques mois pour apprendre à connaître les vérités de la religion chrétienne doit recevoir sa sanction. Comme couronnement de cet effort, vous allez, selon votre désir, être admis dans notre Église Réformée Évangélique.

Couronnement dis-je ? J’ai peut-être tort d’employer ce mot. Il risque de vous faire croire que vous êtes parvenus à un terme, à une fin, au-delà desquels il n'y a plus rien à faire.

Bien au contraire, c'est un commencement, c'est une entrée. C'est le commencement d'un nouveau travail, auquel vous avez été seulement préparés jusqu'à maintenant et qu'il s'agit d'entreprendre avec les moyens qui vous ont été fournis pendant le temps de préparation.

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C'est l'entrée dans une avenue qui s'ouvre et qui s'allonge, se prolonge toute la vie durant pour aboutir bien plus loin, lorsque Dieu jugera que votre labeur terrestre doit cesser et qu'il convient d'en rendre compte. Mais aujourd'hui, c'est tout de même un point d'arrêt, une étape parcourue que nous marquons d'une fête joyeuse. Ah ! Soyez joyeux et joyeuses, mes chers enfants. Soyons joyeux, parents et amis qui les entourons en cet instant ; car ce jour, cette cérémonie, indiquent dans la vie de ces enfants une décision riche de conséquences heureuses. Que vos visages rayonnent, que vos yeux s'éclairent, que votre voix s'élève dans le chant des hymnes, que votre cœur se dilate car vous venez dire votre résolution de suivre le guide sûr de la vie bonne : Jésus-Christ ; vous affirmez votre intention d'être marqués du signe de Jésus-Christ. Vous voulez qu'on vous reconnaisse pour avoir été avec Jésus-Christ. Soyez fiers de cette ambition. S'il y a des êtres avec qui on rougirait d'être rencontrés, dont on doive redouter le contact, la compagnie, ce n'est certes pas Jésus-Christ. Voyez en effet les signes distinctifs dont on est pourvu quand on est avec lui :

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* Avec Jésus-Christ : nous possédons tout d'abord ce qu'on peut appeler la beauté intérieure. La beauté ! Ce simple mot fait tressaillir ! Car le culte de la beauté n'est pas réservé à quelques privilégiés. Parmi les hommes, plus qu'on ne croit y sont sensibles. Tous ne peuvent pas orner leurs demeures de belles peintures, ni les faire résonner de musiques ou de chants, mais la lumière, les notes brillantes, les combinaisons originales sont senties par la plupart des hommes.

Dans toutes les classes, on retrouve une intuition plus ou moins développée de la supériorité des choses. Cette préoccupation envahit-elle le domaine moral, intérieur ? Pas toujours. Une faute de goût, une note fausse causent une souffrance réelle à certains qui ne sont pas touchés par l'absence d'harmonie morale. On réprouve encore quelques actions basses ou plutôt vulgaire, mais on les accepte avec la plus extrême indulgence quand elles sont accomplies avec quelque élégance.

Il ne doit pas en être ainsi. Il faut que notre recherche de la beauté s'étende au monde invisible. La parure de l^étre intérieur est de première nécessité. Elle est une richesse ; elle a des variétés plus nombreuses que celles du visage humain ; elle a des grâces mystérieuses, une fascination secrète. Elle constitue le plus grand art qui soit au monde , et c'est un art toujours nouveau. Car le monde est vieux ; il est blasé ; il n'a pour ainsi dire plus de passion. Il lui faut donc un but nouveau et une puissance nouvelle qui l'entraîne en le rajeunissant : la beauté de l'âme doit être ce but : "Attelez votre charrette à une étoile." disait le moraliste anglais. La charrette c'est nous, nous tout entiers, y compris notre être intérieur. Et l'étoile c'est Jésus-Christ. Attachons nous à Jésus-Christ pour acquérir la beauté, la clarté, la luminosité spirituelle. Car Lui, les possède au suprême degré et en revêt ceux qui recherchent sa compagnie.

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Mes chers catéchumènes, souvent ensemble nous avons parlé de Jésus-Christ. Avez-vous jamais rencontré beauté plus réelle que celle apparue en Jésus-Christ ? Laquelle a plus de douceur, de suavité, de grâce et de majesté tout ensemble ? À travers ce Christ visible, les frémissements invisibles de la vie intérieure se dégagent en irrésistibles et subtiles attirances. De ses lèvres et par sa vie liguées ensemble pour dire :" Soyez parfaits comme votre Père qui est aux cieux est parfait." Il appelle l'être humain à la ressemblance du divin ; il l'élève à une dignité suprême en lui donnant la possession de l'harmonie intérieure, il réalise la volonté créatrice :

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** L'homme à l'image de Dieu : Aussi maintenant, puisque c'est à entrer dans la société du Christ et de ses tenants que vous aspirez, vous dirai-je : acceptez, dans l'union avec le plus pur, le plus beau des fils des hommes, les richesses morales les plus Saintes. Ne dédaignez pas de vous revêtir d'une parure si noble. La robe blanche dont il parle dans telle de ses paraboles, vous sied mieux, croyez-le, que la pauvre défroque dont une âme ordinaire est habillée. Aux convoitises, aux jalousies, aux rancunes, au sot orgueil qui la déparent substituez la générosité, la bonté, la modestie, et tant d'autres vertus secrètes qui émanent du contact avec Jésus. Ne craignez pas dans cette rencontre avec Lui d'être dépouillés d'éléments naturels indignes de sa présence. Voyez-le tout paré de lumière de majesté, de bonté, en projetant l'éclat sur tous les êtres qui l'environnent. Soyez de ceux qui l'approchent pour devenir vous-mêmes plus grands, plus désintéressés, plus spirituels ; venez et restez auprès de Lui pour connaître l'exaucement, en votre faveur, de la belle prière d'une grande âme : "Ô Dieu, donne-moi de grandes pensées."

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Alors de vous, comme jadis de Lui, se dégageront les mêmes attirances subtiles et irrésistibles. Comme les fleurs ou les empourprements du ciel toutes les splendeurs du firmament et de la terre embellissent la création, ennoblissent votre âme, devenue belle au contact du Christ, embellira et ennoblira l'humanité. On reconnaîtra que vous avez été avec Jésus.

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*** la Vérité : Et voici un autre signe distinctif,. La Vérité va en même temps que la beauté intérieure. C'en est la traduction extérieure. Or Jésus a dit : "Je suis la Vérité." Faut-il croire que tous les autres sont erreur ou mensonge ? Effectivement il en est ainsi. Faites le tour de la société : du cercle le plus large où se meut l'existence de chacun jusqu'au point le plus central, le plus intime, mensonge. Depuis les mensonges conventionnels qui donnent à nos rapports de société ce je ne sais quoi d'incertain et d'instable, en passant par la frénésie de paraître qui supprime le personnalité de l'être ; et par l'intolérance, cette attitude des âmes vulgaires, incapables de supporter que d'autres aient raison ; et par le préjugé, cette absurdité érigée en règle de conduite, pour aboutir à la mauvaise foi, dont on ne peut douter puisque la plupart des transactions sociales sont désormais tributaires de la défiance universelle, partout on rencontre le mensonge.

Mais le mensonge le plus formidable, celui qui fausse tout, c'est le mensonge de la vie elle-même. Il n'y a pas une créature humaine qui, à une heure ou à l'autre, ne convienne de la vanité, de l'insanité, de la stupidité de sa vie, de cette existence qui ressemble à une vapeur, à un souffle... pas une qui ne convienne que ce souffle mérite d'être étouffé le plus tôt possible, immédiatement... s'il n'est qu'un souffle, ou divinisé, éternisé si c'est un souffle de Dieu... mais tous - ou presque - s'enveloppent de mensonges, chacun en accumule sur sa vie la plus grande somme possible. C'est à qui cachera le mieux le néant ou la destinée glorieuse de cette vie et la réduira - par ses actes sinon toujours par la pensée, à n'être que la pauvre existence que vous savez : un grand effort pour pas grand' chose. On lui donne un sens qu'elle n'a pas ; on lui imprime une direction non seulement fâcheuse mais fatale ; on l'engage dans un couloir obscur où ne brillent, pour la guider, que des clartés artificielles, où ne pénètre pas le grand jour, le beau soleil de la Vérité.

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Aussi quand je vous vois, mes chers catéchumènes, à peine entrés dans cette existence, poser vos premiers pas sur cette voie spacieuse qui est le chemin de toute la terre, je rassemble toutes les pensées d'affection que j'ai pour vous, je concentre toutes les énergies spirituelles dont je dispose et je vous crie : Prenez garde ! Mensonge ! Mais voici Jésus qui affirme :" Je suis la Vérité ! "

Ensemble approchons-nous de Lui. Écoutons, regardons. Ne le voyez-vous pas se dresser, arracher les masques, tous les masques pour découvrir le visage et mettre à nu le cœur de tous les hypocrites qui font de la terre une scène où l'on joue la comédie et souvent la tragédie ?

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De cette attitude audacieuse, il mourra, certes ! Mais cette mort est suivie de résurrection et met en évidence la vérité fondamentale, foncière et victorieuse : La vie éternelle. Le produit du mensonge c'était la mort et l'arme du mensonge c'était le péché. Mais Jésus-Christ, émergeant de ces ruines, projette la Vérité.. et la vérité produit la vie. En Lui, ces deux réalités sont indissolublement unies : "Vérité-Vie" "Je suis la Vérité, je suis la Vie." affirme-t-il en même temps.

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Vous étonnerez-vous qu'en ce jour, je vous invite à vous unir à celui qui est la Vérité ? Quand même votre esprit serait incapable de saisir la relation qui fait dépendre la vie de la vérité, serait-ce une raison pour vous tenir à l'écart de cette vérité ? Avez-vous donc besoin de connaître la structure intime de l'estomac pour savoir que la nourriture vous est indispensable pour la vie physique ?

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Comment, par quel mode d'opération la Vérité qui est en Christ, La Vérité qui est en Christ se résoud en vie éternelle, n'est pas non plus une science nécessaire pour savoir que Celui qui a le Christ a la Vie. Cela se voit :

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Celui-là vit qui a la Vie en Christ. Venez donc à Lui, mes chers enfants.

Venez dans la simplicité, la candeur de votre âme enfantine, venez avec tout le désir de vivre qui palpite en vous ; venez avant que la vie fausse qui s'agite autour de vous, vous ait saisis et enlacés. Venez à son contact pour être marqué du sceau de la Vérité, pour obtenir toute lumière sur le monde, et sur vous-mêmes, et sur Dieu, avec Lui, avec les yeux qu'il vous donnera vous regarderez en face ce qui est vrai, juste et bon. Vous prendrez en dégoût ce qui est artificiel et faux. Une instinctive horreur vous détournera du mal. Vous en viendrez à découvrir ce mal jusqu'en vous-mêmes et, là plus qu'ailleurs, vous le poursuivrez, vous voudrez le haïr et l'anéantir.

Vous vous habituerez à l'éclatante lumière de la Sainteté divine ; sa chaleur, sa clarté vous deviendront nécessaires. En Jésus-Christ, tempérée par l'amour dont il est messager, assurée par le pardon dont il est porteur, la Vérité éblouissante de Dieu vous deviendra supportable, désirable, accueillante, attrayante.

À votre tour vous acquerrez les jouissances actives contenues dans la vérité : vos aspirations saintes, votre idéalisme ne resteront pas d'infécondes velléités ; elles se traduiront en œuvres bonnes. Le Salut, pour tout dire, en un mot, soit une puissance de vie nouvelle vous saisira. Tout entiers et jusqu'au fond de votre être la vérité rédemptrice vous pénétrera. Vous serez, non plus des fantoches, mais des êtres vrais, chacun de vous devenant une personnalité, une personne en qui la vie agit, demeure, de prolonge, se perpétue et s'amplifie jusqu'à l'épanouissement complet. Comme Christ et avec Lui, vous traverserez la terre, vous traverserez la mort ; la vérité que vous détiendrez vous assurera la vie, la Vie en Dieu qui est éternel et qui dispense la vie à qui s'attache à Lui. Voilà le lot de ceux qui sont avec Jésus.

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S'il y a, vous disais-je en commençant, s'il y a des êtres avec qui on rougirait d'être rencontré, dont on doive redouter le contact, ce n'est pas Jésus-Christ. N'y-a-t-il donc pas à craindre que vous vous éloigniez de Lui ? Mais si. Car peut-être avez-vous peur d'être enchaîné... enchaîné par la beauté et par la vérité qui sont au Christ !

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Mais le diable aussi a bien sur terre ses beautés qui fascinent et vous ne craignez pas d'être retenus par elles ? Il offre des mirages pour lesquels on se passionne... aveuglément et vous ne tremblez pas d'être amèrement déçus ?

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Mais vous voulez rester libres ! Soit. Nul ne doit et ne veut vous contraindre. Écoutez, du moins, encore un peu... Écoutez le langage de la persuasion. Que vous dit-il ce Christ présenté comme un type de la beauté et de la vérité régénératrice de la Vie ? que vous disent sa vie aimante et douloureuse, sa voix et ses actes, sa mort sur la croix, ses victoires et sa gloire ?

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Il vous montre une direction : "Je suis le chemin ! "

Avec sagesse, douceur, respect, il vous invite à Lui ressembler : "Suis-moi" Regarde ce que je suis et s'il ne vaut pas la peine d'être comme moi."

N'avez-vous pas cheminé avec Lui un certain temps ? N'avez-vous pas parcouru une distance suffisamment longue pour le connaître un peu ? Mais d'autres l'avaient connu comme vous... un peu... et sont partis, préférant autre chose de moins beau et de moins vrai. Alors à vous qui êtes là maintenant, doucement et clairement il dit : " Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? "

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Mais peut-être penserez-vous que c'est maintenant l'heure favorable, que plus tard, accoutumés aux laideurs environnantes et aux mensonges accumulés vous risquez de ne plus être saisis par sa beauté ni subjugués par Sa Vérité.

Peut-être allez-vous lui répondre dans la profondeur cachée de votre âme : "Seigneur, à quel autre irions-nous qu'à toi ? À quel autre ? Toi seul a les paroles de la Vie Éternelle" Oui, dans la crainte cette fois que Lui vienne à partir, vous lui ferez cette prière : "Seigneur, reste avec nous ! " Lui avec vous - Vous avec Lui.

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Voilà bien la Sainte Alliance tracée, que vos promesses vont sceller.

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Amen !