Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

DIMANCHE 05 novembre 2006

Culte à St Laurent du Cros (05500)  

Textes bibliques du jour:

- Deutéronome 6, 1-9

- Hébreux 7, 22-28

- Marc 12, 28-34

Le commandement d'aimer

Vous savez mieux que moi que les automobilistes gapençais sont très disciplinés…Quand il y a un passage pour piétons, et une silhouette en vue, pas question de continuer ; on s’arrête , un point c’est tout. LA LOI, c’est LA LOI !!!

Mais allez donc dans cette rue semi-piétonnière qu’est la rue Carnot….Forcément, comme les piétons sont prioritaires, il n’y a pas de passage pour piétons…Et bien là, ne vous aventurez pas à traverser lorsqu’une voiture arrive : elle ne s’arrêtera pas !!!!!!!!!

Tout cela paraît illogique, contradictoire.

Notre texte des paroles de Jésus rapporté par Marc en est de même : à la question d’un maître de la Loi qui demande quel est le plus important des commandements, Jésus répond que c’est…l’amour !!! L’amour porté à Dieu ; l ‘amour porté au prochain.

Pourtant voyons, ces deux mots de commandement et d’amour ne vont pas ensemble !!!!

On parle de commandement à payer ; pas de commandement d’amour !!

Oui, mais l’homme a besoin de cadre. Comme l’automobiliste gapençais a besoin de voir les traits blancs sur la route pour que son cerveau lui dicte « stop », nous les hommes nous marchons bien souvent avec des cadres et des lois.

Je m’arrêterais ce matin sur quatre points :

-Le premier sera l’amour comme commandement.

-Le second sera « pourquoi aimer » ?

-Le troisième sera « qui aimer » ?

-Le quatrième sera « comment aimer » ?

L’amour en tant que commandement.

Si ce n’est pas un comble !! Mais voyons, tout le monde aime. Tout le monde aime quelqu’un, quelque chose. Tout le monde saît bien ce que c’est que l’amour. C’est le sujet le plus banal ! Pourquoi alors en parler comme d’un commandement ? Un souhait, une invitation à, ce serait mieux !

Chacun ce matin sait à quel point il y a d’amours différents : » j’aime les glaces » n’a pas grand chose à voir avec « j’aime mes enfants » ou « j’aime mon conjoint » avec « j’aime le soleil »…

L’amour…

Si Dieu nous commande d’aimer, c’est qu’Il sait parfaitement que dans notre cœur d’homme, de femme, d’enfant, ce n’est pas si évident que cela d’aimer ; d’aimer vraiment. D’aimer bien au sens de bien aimer.

Et si l’apôtre Paul a écrit tout un chapitre sur l’amour, l’amour fraternel, c’est que ça ne coule pas forcément de source que d’aimer « de la bonne manière ».

Un commandement, c’est une exigence, c’est un préalable nécessaire avant de continuer quoi que ce soit.

Là, Jésus se retrouve devant un maître de la loi. Le maître de la loi connaît toutes les lois. Pas seulement les dix commandements. Mais plus exactement les 600 commandements contenus dans le premier testament !!!

Alors, Jésus connaît-il son catéchisme ?!!! Si l’on s’en tient aux 10 commandements, Jésus ne va pas donner le 1er (« tu n’auras pas d’autre dieu devant ma face ») ; il ne donnera pas non plus le…5e sur le respect des parents ou le 6e qui interdit le meurtre…

Les commandements d’amour (ou plus exactement le commandement d’amour) que Jésus donne ne se trouvent nulle part sous cette forme dans le premier testament.

On glisse donc de la « règle toute faite », la chose à suivre à la lettre, du commandement-loi, à l’attitude toute entière de son être.

Avec ce texte fondateur du christianisme, on va effectivement passer de la loi à la grâce.

Non, nous n’aurons plus un catalogue des 600 choses à faire pour être quelqu’un de bien. Désormais, nous n’aurons « plus qu’à »…aimer !!!!

Laquelle de ces deux choses est la plus facile ? Obéir à une liste…ou aimer ?

On comprend alors mieux le mot de « commandement ».

Alors j’en viens au second point : pourquoi aimer ?

Nous l’avons vu, Aimer n’est pas un choix, possible, envisageable parmi d’autres choix.

Mais pourquoi aimer ? On ne peut vivre sans aimer.

Aimer est la clé de tout : de la relation possible avec Dieu.

De la relation possible avec les autres.

De la relation possible avec soi-même.

Pourquoi aimer ? Parce que l’amour est porteur de vie ; la haine ou même l’indifférence sont porteurs de mort.

Un bébé qui ne croisera dans ses premiers mois aucun regard d’amour sur lui se laissera mourir.

Un enfant qui ne recevra pas d’amour dans son enfance aura bien du mal à se construire.

Vivre sans amour est impossible.

L’amour est bien cette pulsion de vie qui porte vers l’autre. C’est ce lien fort, unique, source de joie, de bonheur, de sens.

Alors vient immédiatement le troisième point : « qui aimer » ?

Tout le monde à peu près sait répondre à la question « qu’est-ce qu’aimer ? »

Mais là vient une différence fondamentale entre ceux qui se désintéressent du Dieu de Jésus-Christ et ceux qui lui font réellement confiance.

Qui aimer ? Voilà la réponse de Jésus :

Tu dois aimer le seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force. Tu dois aimer ton prochain comme toi-même ».

Aimer Dieu…oh ! Pas comme ça de temps en temps le dimanche, ou quand on se dit que ça pourrait arranger notre petite cause…. On ne peut pas aimer par intermittence. Soit on aime, pleinement. Soit on n’aime pas vraiment.

Là, on ne peut faire dans la demi-mesure. Nous sommes appelés à aimer Dieu de tout notre être ( cœur, âme , intelligence , force).

Et là, cet amour-là s’apprend. Je serais prête personnellement à donner ma vie pour mes enfants. Je crois. Mais serais-je prête à donner ma vie pour Dieu ? j’en suis beaucoup moins sûre.

Et pourtant, c’est cet amour-là, inconditionnel, intolérable pour les non croyant, que nous sommes appelés à vivre !!

Aimer son prochain.

C’est certainement aussi dur, si ce n’est plus encore, que d’aimer Dieu de toutes ses cellules.

Aimer celui qui ne pense pas comme moi. Aimer le bourreau. Aimer celui qui sent mauvais. Aimer le musulman ; aimer celui qui vote front national ; aimer le communiste ; Aimer mon concurrent. Aimer la rébellion adverse. Et celle qui a tué son enfant. Aimer le violeur. Aimer celui que tout me pousse à ignorer.

Vous comprenez mieux pourquoi c’est un commandement ?!!!

Vient alors le dernier point : comment aimer ?

A vues humaines, je vous le dis tout de suite, c’est impossible.

Mais si Dieu nous commande d’aimer, c’est qu’Il est aussi là dans cette entreprise d’amour.

Et tout d’abord, Il nous en donne lui-même l’exemple : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».

Dieu a en Lui une force d’amour inimaginable ; à tel point que le nouveau testament nous dit que Dieu « est amour ».

On ne peut certainement se rendre compte à quel point Dieu aime chacun d’entre nous ; du plus nanti au plus pauvre ; du plus crasseux au plus propre ; du plus pur dan son cœur au plus ignoble.

La première des choses pour apprendre à aimer ( parce que c’est un apprentissage) est certainement de se rendre compte de la manière dont Dieu nous aime personnellement. Là, on peut vraiment sentir une vague d’amour se déverser sur nous. C’est indescriptible. Dieu m’aime à la folie. Mais qui suis-je ?

Petit bonhomme, petite bonne femme…petite fourmi humaine dans cet océan d’humanité…

Il faut certainement avant toute chose expérimenter l’amour de Dieu pour soi.

Et il faut lui demander, simplement : « Dieu, tu m’aimes comment ? ». Réponse assurée !

A partir de là, chacun peut cheminer sur le « comment aimer », parce que le Dieu de Jésus-Christ nous donne des « outils ».

D’abord, Il nous donne son Esprit, ce souffle d’amour qui vient faire sa demeure en nous.

Alors, cet Esprit nous appelle à changer notre regard. Cet autre que j’ai bien du mal à aimer, il est autant aimé par Dieu que moi-même. Et celui qui m’indiffère, celui qui me dérange, je suis appelé à le regarder comme si c’était le Christ lui-même en face de moi.

Et je vous lis les versets de Paul sur l’amour, et sur ce que l’Esprit qui habite en nous peut faire.

" L'amour prend patience, l'amour rend service, il ne jalouse pas, il ne s'enfle pas d'orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'irrite pas, il n'entretient pas de rancune, il se réjouit pas de l’injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout."

Alors, oui, si on prend conscience, réellement, de l’amour dont chacun d’entre nous est aimé ; si on se gorge de cet amour ; on peut faire chaque jour des pas d’amour de plus. Et le regard qu’une Mère Theresa, qu’une Sœur Emmanuelle, ou que tous ces gens bien moins connus ont sur l’humanité, ne sera plus quelque chose d’exceptionnel, mais deviendra notre propre regard. Et changera enfin notre propre vie…et la face du monde.

Amen !!

Nathalie Paquereau.