Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

DIMANCHE 25 MARS 2007

Culte à Gap et Manosque (groupe de Jeunes)

Lectures du Jour :

ESAIE 43, 16-21

Jean 8,1-11

Philippiens 3,8-14

Je vais ouvrir un chemin

Huit siècles avant notre ère, un homme, Esaïe, dont on ne sait pas grand-chose professionnellement, va parler à son peuple de chemin, de fleuves, de désert, de lieux arides, et de louange.

C’est notre texte qui le rapporte…

Quel poète, cet Esaïe !!!

Pourtant, l’époque d’Esaïe n’a pas grand-chose de poétique ; elle est terriblement mouvementée : guerre syro-éphraïmite ; chute de la Samarie ; mort d’Achaz et tentatives de déstabilisation ; révolte d’Ashdod ; envahissement de Jérusalem par des armées assyriennes…j’en passe et certainement des meilleures !

Aujourd’hui, il nous arrive d’entendre que la situation du monde n’a jamais été pire que de nos jours…je ne crois pas. Je crois que l’homme est l’homme, et que le mal et la souffrance ont toujours fait partie du lot quotidien de l’humanité.

Alors, que faire ? Pleurer ? Démissionner ? Devenir indifférent et égoïste et essayer du mieux possible de tirer son épingle du jeu ? Là, c’est oublier Dieu. C’est oublier Jésus-Christ.

Je vous propose alors ce matin de cheminer avec ces mots qui reviennent chacun par deux fois dans ces quelques cinq versets d’Esaïe : les lieux arides ; le désert ; le chemin ; des fleuves ; et enfin la louange.

Des lieux arides, nous en connaissons tous. Pas seulement géographiquement. Ces lieux arides sont essentiellement dans notre vie, dans notre entourage. Ces lieux arides, ce sont ces zones d’ombre qui nous font souffrir : Echecs de toute sorte, chômage, séparation ou divorce, maladie, dépression, accidents, difficultés financières…

Etymologiquement, le mot « aride » veut dire « sec ». Des passages « à vide », « arides », c’est un fait, aucun humain n’y échappe.

C’est alors la manière de gérer ces passages-là qui va faire la différence dans nos vies, autour de nous, pour la vie des autres.

Alors, vient le désert. Le désert, dans la Bible, et géographiquement, ce n’est pas la même chose que les lieux arides.

Dans les lieux arides, il n’y a souvent aucune vie ; aucune vie possible ; c’est le désespoir, la vallée de l’ombre de la mort dont parle David le psalmiste. Le désert, c’est tout autre chose.

Dans la Bible, c’est vrai que c’est un lieu paradoxal ; on le voit bien avec le récit de la tentation de jésus au désert. Le désert, c’est le lieu de la présence du mal, des forces sournoises ; mais c’est aussi le lieu de la présence de Dieu.

Le désert, au fond, c’est bien le lieu où l’on se retrouve soi-même, à nu, devant la réalité, et devant des choix ; un peu le lieu où Dieu peut nous dire : « voici, j’ai mis devant toi la bénédiction et la malédiction ; la vie et la mort ; choisis la vie ».

Ce désert, cette phase de désert, elle est nécessaire, indispensable quand nous traversons des lieux arides. Pour se retrouver, seul, face à Dieu, avec ce qui nous mine, ce qui nous empêche de vivre, ce qui nous a entraîné dans un tunnel sans lumière.

Ce désert, c’est le temps de la prière, même balbutiée, même mal dite, même sans mots, parfois juste avec des larmes.

Ce désert, c’est le moment de vérité indispensable pour se poser, loin de la cohue, loin des bons conseils des uns et des autres, loin des cris de ce monde et des fausses échappatoires.

Dans la Bible, c’est vrai que c’est un lieu paradoxal ; on le voit bien avec le récit de la tentation de jésus au désert. Le désert, c’est le lieu de la présence du mal, des forces sournoises ; mais c’est aussi le lieu de la présence de Dieu.

Le désert, au fond, c’est bien le lieu où l’on se retrouve soi-même, à nu, devant la réalité, et devant des choix ; un peu le lieu où Dieu peut nous dire : « voici, j’ai mis devant toi la bénédiction et la malédiction ; la vie et la mort ; choisis la vie ».

Ce désert, cette phase de désert, elle est nécessaire, indispensable quand nous traversons des lieux arides. Pour se retrouver, seul, face à Dieu, avec ce qui nous mine, ce qui nous empêche de vivre, ce qui nous a entraîné dans un tunnel sans lumière.

Ce désert, c’est le temps de la prière, même balbutiée, même mal dite, même sans mots, parfois juste avec des larmes.

Ce désert, c’est le moment de vérité indispensable pour se poser, loin de la cohue, loin des bons conseils des uns et des autres, loin des cris de ce monde et des fausses échappatoires.

Ce désert, c’est arrêter de vivre dans le bruit et la foule, juste un instant, pour faire une pause dans cette fausse course.

Ce désert-là, il est nécessaire à chacun d’entre nous, régulièrement, ou à certains moments bien précis de notre vie.

Arrêtons de dire que le Seigneur est le grand muet ; que Dieu est le grand absent de nos vies, de notre monde, et de nous demander pourquoi Dieu ne fait rien dans notre monde de souffrance, dans notre vie de souffrance.

Si nous ne prenons pas de temps à autre le temps du désert, le temps de nous retrouver face à Dieu, comment lui reprocher le fait que nous sommes sourds à sa parole, aveugles quant au chemin qu’il nous propose ?!!

Oui, le temps de désert est nécessaire ; nécessaire pour discerner un chemin, Celui que Dieu dessine devant nos vies.

Esaïe dit une phrase merveilleuse de la part de Dieu : « Ne pensez plus à ce qui s’est passé avant ; ne vous préoccupez plus de ce qui est derrière vous ; car je vais faire du nouveau ».

Devant le mur, devant la tombe, devant les angoisses de notre vie, les échecs et tout ce qui nous empêche d’avancer, Dieu nous assure d’un chemin…

Lorsque j'étais dans le désert mauritanien le mois dernier, il m'est arrivé une anecdote…

Plusieurs matins d’affilée, certains dans le groupe étaient prêts avant les chameaux… et avec l’envie de prendre « la route » avant que le soleil ne soit trop fort !!!

Alors, ils demandaient au guide : « dis-nous le chemin ».

Le premier jour, apparemment, c’était presque un jeu. Comment, dans le désert, demander son chemin ?!!!! Comment, au milieu des dunes et autres étendues pierreuses, oser demander son chemin ?!!!

Alors, leur guide leur a dit : « Marchez une heure face au soleil, toujours face au soleil. Au bout d’une heure, virez à gauche du soleil, à 11 heures. Marchez 40 minutes dans cette direction ; puis reprenez la direction du soleil ; vous tomberez dans trois heures 30 sur l’oasis où nous nous arrêterons »…

Pas de montre…pas de chemin tracé… que du désert à perte de vue… !!!

Certains ont préféré attendre « sagement » les chameaux.

Mais à trois, ils se sont donné du courage en se disant qu’après tout, leur guide, il connaissait par cœur ce désert qui leur était totalement étranger. Et ils lui ont fait totalement confiance…confiance…le même mot que le mot « foi »…

Le désert, c’est le lieu des retrouvailles avec Dieu. On a tous besoin de trouver, ou retrouver Dieu, le Dieu d’amour, le Dieu de Jésus-Christ, à un moment ou l’autre de notre vie.

Mais le retrouver, ce n’est pas juste lui faire un petit bonjour, et repartir au milieu des fauves ( ou plus exactement de la vie quotidienne). Le retrouver, c’est lui dire : «Seigneur, au milieu des lieux arides, et dans le désert, je veux te faire confiance, puisque Tu dis qu’il y a un chemin pour moi».

« Je vais ouvrir un chemin » dit Dieu.

Il ne dit pas « Le » chemin. Pourquoi ? Parce qu’il y en a des tas, de chemins. Des tas possibles, envisageables.

« Devant toi, devant toi que j’aime, toi qui n’as plus d’issue à un moment de ta vie, si tu Me fais confiance, je vais t’ouvrir un chemin. Un bon chemin. Un chemin où tu seras bien puisque tu seras avec Moi. »

Ce chemin, ce chemin qui nous est proposé, il ne nous appartient pas. Jésus-Christ est Le chemin ; Jésus-Christ ne nous appartient pas ; n’appartient à aucune église. Nul ne peut se l’approprier. Ce serait renverser la situation ! C’est nous qui appartenons à Dieu.

Mais à partir du moment où nous faisons confiance au Christ, comme j’ai pu faire confiance à ce guide bien humain, alors là des fleuves s’écoulent.


Ces fleuves, ce rafraîchissement, à vues humaines il est parfois inenvisageable.

Au pied du mur, on ne peut plus rien envisager.

Pourtant, combien de personnes ont pu vivre des reconstructions, des relèvements, des vies nouvelles, même après le pire, même après la mort d’un proche, même après un accident, même après l’abandon par un conjoint ?

Ecoutez donc ce que nous dit Jésus Christ ce matin, à chacun d’entre nous qui souffre, qui vit mal ce monde, qui pleure, qui ne voit pas d’issue :

"Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi,

des fleuves d’eau vive couleront de son sein».

Voilà alors ce que Dieu veut pour chacun d’entre nous, chacun d’entre les humains sur cette terre :

Un chemin, au milieu des tumultes, des cul de sacs, des murs élevés, des horreurs et des désespoirs.

Rappelez-vous du récit de la femme adultère : elle n’a qu’un chemin devant elle : la mort. La lapidation. Jésus-Christ lui offre alors un chemin, un chemin de vie : « « Moi non plus je ne te condamne pas ; va, et ne pèche plus ».

Cette femme était persuadée de la fin de sa vie imminente. Un autre chemin, un chemin de vie s’offre soudain à elle.

Pour vivre la même grâce que cette femme, il nous faut accepter ce temps de désert, ce temps où nous nous retrouvons, face à nous, face à Dieu. Rencontre bouleversante ; et là, le Dieu de Jésus-Christ qui a porté toutes nos erreurs sur la croix, là, Dieu nous montre un chemin, un chemin de vie, un chemin de consolation, un chemin de reconstruction, un chemin de sens pour nous et les autres.

Alors, là, nous ne pouvons que le louer, que Lui dire merci pour ce travail, pour ce chemin qu’Il a parcouru en nous. Et devant cette louange, Dieu nous dit, comme dans ce chapitre 43 d’Esaïe : « N’aie pas peur, je prends en main ta cause, je t’ai pris à mon service, tu m’appartiens. C’est que tu as du prix à mes yeux, tu comptes beaucoup pour moi et je t’aime. N’aie pas peur, je suis avec toi ».

Amen !

Pr Nathalie Paquereau