Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
Dimanche 20 janvier 2008
Culte à GAP (05)

Lectures du Jour
Esaïe 49:1-6
1 Corinthiens 1:1-3
Jean 1:29-34
Voici l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde.
Elle est connue, archi-connue, cette déclaration de foi qui sort de la bouche de Jean le baptiste.
Jean-Baptiste, c’était ce prophète qui annonçait la venue d'un autre, du Messie, du Christ, de l'oint de Dieu, celui qui se définissait comme la voix qui crie, qui annonce, celui qui baptisait d'eau, du baptême de repentance. Il voit Jésus, et il dit de lui : Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.
Pour Jean-Baptiste, dont la vie était l'annonce d'un autre, Jésus est quelqu'un de vraiment important, c'est sa raison d'être. Sa vie, sa mission était de préparer le chemin du Christ, et il est là. Il était chargé de préparer Israël à le recevoir.
En y pensant bien, c'est aussi notre tâche. Nous avons à préparer ceux qui nous entourent à la rencontre avec cet homme-là. Nous avons à les conduire au contact du Messie. Il est aussi venu pour eux, comme pour nous. Est-ce que nous prenons notre rôle de Jean-Baptiste, de voix qui crie dans le désert, de celui qui déclare à qui veut l'entendre : Voici l'Agneau de Dieu ?
Voici l'Agneau de Dieu. Voilà une image qui ne parle guère aux citadins de nos latitudes, quand cela avait pour une civilisation d'éleveurs du Proche Orient une foule de connotations. Dans l'Ancien Testament, on retiendra essentiellement deux images associées à l'agneau, l'agneau de la Pâque, de la sortie d'Egypte, et l'agneau qu'on mène à la boucherie dans le prophète Esaïe.
Je pense que vous souvenez tous de l'événement. La dernière plaie va frapper les Egyptiens, tous les premiers nés mâles, hommes et animaux, vont mourir. Sauf dans les maisons où les montants des portes auront été badigeonnés du sang d'un agneau. Il fallait alors, en mangeant cet agneau se tenir prêt à partir.
Cet agneau sacrifié avait sauvé la vie des premiers nés israélites, et était le signe de la délivrance, de la libération de l'esclavage en Egypte. Chaque année, de la même façon on tuait un agneau et on le mangeait, en commémoration.
L'autre image à laquelle on peut penser est celle du Serviteur dans le livre du prophète Esaïe. Tout particulièrement le chapitre 53 que nous avons lu tout à l’heure.
C'est un passage bien connu. Il illustre ce que les apôtres ont compris de Jésus par la suite.
Nous proclamons que le salut que Dieu nous offre, il l'offre gratuitement. Il n'y a aucun acte spécial à faire.
Au temps de l'Ancienne Alliance, les Israélites devaient faire matin et soir des sacrifices pour le péché. Si ces rites aujourd’hui nous sont totalement étrangers, et plus encore dans notre culture protestante, nous allons essayer de comprendre quelles étaient les fonctions de ces rites.
Je vous propose d'abord une réflexion sur le rite, en général, sur ce qui fait qu'une société est vivable, qu'il est possible de vivre, de transmettre des choses sans forcément parler. Une réconciliation se termine généralement par une accolade, des embrassades, une poignée de main, un petit cadeau. Ce ne sont pas eux qui font la réconciliation, mais ils la signent, ils la manifestent. Et sans eux, elle n'est pas effective, elle n'est pas apparente, elle n'existe pas.
A l'inverse, combien de personnes sont offusquées, offensées, quand un rite n'a pas été accompli. Un simple "Bonjour, comment ça va?" et le contact est établi. Une réponse qui tarde, un remerciement oublié, et voilà une relation brisée, souvent involontairement.
Les Israélites devaient offrir un sacrifice matin et soir. Pourquoi ce rite ? Le terme théologique que l'on trouve est celui d'expiation. Le péché est expié, c'est à dire couvert. Mais en fait, qui couvre le péché ? Qui pardonne ? Jésus nous donne la réponse : seul Dieu a le pouvoir de pardonner les péchés. C'est donc lui qui couvre les péchés. Mais alors, pourquoi ces sacrifices ? Parce que le sang est un signe très fort. Il l'était encore plus dans les temps anciens. Le sang c'est le liquide de la vie, c'est la vie. Et le péché c'est la mort, le péché mène à la mort. Il faut une vie pour ramener à la vie. Le fait de sacrifier, ou de faire sacrifier, un agneau ou un autre animal, signifiait la volonté de repentance, de retour, d'obéissance, de vie. Et c'était aussi un signe que Dieu donnait aux hommes, aux Israélites, que leurs péchés étaient alors expiés, couverts. Mais il fallait que cela soit renouvelé.
Mais alors, et la croix du Christ ? Pourquoi fallait-il qu'il meure ? Pourquoi a-t-il fallu aux hommes ce rite unique et total, ce sacrifice ultime, pour que l'humanité comprenne enfin, peut-être, la grâce de Dieu ?
L'amour est une chose difficile à faire comprendre, et on s'y prend souvent très, très mal. On a tous déjà entendu l'expression qui en général indique un échec "je me suis saigné aux quatre veines pour toi.". Pour que les hommes commencent à comprendre, il a fallu à Dieu que son sang, celui du Messie, celui de son Fils, celui de l'Agneau de Dieu, coule vraiment. Il a fallu ce sacrifice pour que les hommes comprennent que leurs péchés sont couverts, expiés. Il a fallu que Jésus donne sa vie, pour que les hommes comprennent que leurs comportements mènent à la mort. Dieu par Jésus a partagé la vie des hommes, et même leur mort, celle où les mènent leurs péchés.
Et voilà que, dès lors, les hommes n'ont plus à accomplir leur part. Plus aucun autre sacrifice. C'est fini, tout est accompli. Aucun autre rite pour le pardon des péchés. Jésus est mort sur la croix. Et même plus, autre signe très fort, il est ressuscité. Il est vivant. Mais, vous connaissez nos contemporains, vous vous connaissez vous-mêmes. Combien il est difficile de comprendre le pardon, combien il est difficile d'admettre que le pardon gratuit, sans contrepartie, puisse exister. Ce n'est pas très valorisant de n'avoir rien fait pour le mériter. Mais telle est la grâce de Dieu.
Mais alors, quel est le sens du baptême, de celui que Jean pratiquait, de celui que l'église pratique ? C'est le signe double de l'amour de Dieu donné, et de l'amour de Dieu reçu. Il ne signifie pas que le pardon des péchés apparaît à ce moment-là, mais bien qu'il précédait le geste, le sacrement, que Dieu est celui qui précède.
Et notre Sainte Cène. Elle n'est pas un sacrifice. Elle est la commémoration de ce sacrifice final, l'annonce de la grâce de Dieu. Elle est communion entre tous les rachetés. Elle est aussi louange à Dieu, qui nous permet de vivre libérés du péché et de la mort.
Oh, bien sûr, nul n'est parfait. Nous péchons encore. Mais nous savons que si nous nous tournons vers lui, il "est fidèle et juste pour nous pardonner".
Et d'ailleurs ce Jésus, l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, il est beaucoup plus. Il est devenu pour chacun de ceux qui ont choisi de le suivre, un ami, un compagnon, celui qui un jour nous a fait comprendre : "je t'aime, je suis mort et ressuscité pour toi, et je suis avec toi tous les jours de ta vie."
Je vous laisse donc avec ce message de Jean-Baptiste, à transmettre : "Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde".
Amen !
Pr Nathalie Paquereau.