Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
Dimanche 15 JANVIER 2017
Trescléoux (05700)

Lectures du jour :
Jean 1, 29-34
1 Corinthiens 1, 1-3
Esaïe 49, 3-6
Bonne nouvelle !
Un mendiant raconte à un autre
- Hier, à la sortie d'un cabaret, un prestidigitateur a déposé un billet de cent euros dans le chapeau que je lui tendais.
- Tu as dû être content ?
- Pas tellement parce que, quand j'ai fouillé dans mon chapeau pour prendre ce billet, il en est sorti une colombe.
Dans ce texte, une colombe semble sortir tout droit du chapeau de Dieu.
Bon, ça aurait pu être un lapin blanc... Imaginez un peu l'Esprit saint arriver entre les pieds de Jésus, avec deux grandes oreilles !
Je plaisante à peine, car il y a quelque chose de tout à fait capital dans ces quelques versets : qu'est-ce que vient faire cette colombe au tout début de l'Evangile ?
2000 ans de christianisme ont fini par rendre la scène tout à fait convenue et évidente.
Des catacombes de Rome, en passant par les vitraux de la cathédrale de Chartres jusqu'à la croix huguenote, la colombe est un symbole biblique fort. C'est la colombe que lâche Noé depuis son rafiot de sauvetage pour sonder le monde et savoir s'il peut mettre pied à terre.
Et c'est la colombe, ici, qui descend sur Jésus et qui y demeure.
Alors, pourquoi ne représente-t-on pas Jésus avec une colombe sur la tête ou sur l'épaule, tel un oiseleur.
L'image serait belle. Aujourd'hui, on dirait que c'est un drone qui est descendu du ciel pour le prendre une photo !
En fait, nous oublions un petit mot qui fait toute la différence : l'adverbe comme.
« J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui »
L'Esprit, à proprement parler, n'existe pas dans la Bible. En hébreu et en grec, on nous parle d'un souffle, d'un vent, d'un courant d'air, d'une haleine.
Mais comme l'air est transparent, alors pour matérialiser ce souffle, le rendre visible, le concrétiser, l'Evangile y place un oiseau. Le souffle de Dieu devient comme une colombe.
Et je vais ce matin m'attarder sur ce symbole. Pourquoi une colombe ?
D'ailleurs le mot désigne aussi bien la colombe, que le pigeon, que la palombe ou la tourterelle. C'est la même espèce.
Pourquoi pas plutôt un aigle à la vue perçante, au vol majestueux, et aux serres acérés et à l'instinct farouche, qui fond en piqué sur sa proie à la vitesse de l'éclair ?
Pourquoi pas l'hirondelle, véloce et agile, annonciatrice du printemps, migratrice hors pair et qui niche au plus près des humains depuis l'âge des cavernes ?
Pourquoi pas un nuage de milliers d'étourneaux, dansant au crépuscule d'un jour nouveau un ballet de formes prodigieuses pour enchanter nos yeux ?
Pourquoi pas un oiseau exotique au plumage chamarré pour enflammer l'aurore tel le phénix renaissant de ses cendres !
Entre nous, ça aurait plus de gueule que cet individu des Colombidés, sous-espèce de la famille des pigeons...
Pourquoi comme une colombe? La colombe n'a rien pour elle. Son vol n'est ni bon ni mauvais, ni beau ni laid.
Sa démarche au sol n'est pas des plus gracieuse : courte sur patte, elle dandine sa tête comme pour arracher chacun de ses petits pas.
Son roucoulement n'est pas désagréable mais tout de même monotone.
Comme son corps qui n'est pas disgracieux mais qui n'évoque pas non plus l'élégance de la grue ou du cygne...
Bref, la colombe est un oiseau commun, familier, ordinaire, que l'on élève pour une qualité connue depuis l'aube de l'humanité : le pigeon ne sait faire qu'une chose : retourner dans son pigeonnier, dans son colombier.
D'ailleurs le mot colombe vient du latin qui signifie colonne, tour. La colombe, c'est tout simplement l'oiseau qui vit dans une tour, une colonne : un colombier.
Voilà pourquoi les Evangiles ne prennent pas un autre oiseau que la colombe pour faire apparaître le souffle de Dieu.
Enfin, depuis que la genèse de l'univers, le souffle créateur de Dieu planait à la surface du monde cherchant sa place pour y demeurer.
C'est cet homme, inconnu de tous, qui vient se faire baptiser. C'est cet homme qui sera sacrifié à Pâque.
C'est lui qui lavera le mal qui entache le monde.
Mais pour l'heure, c'est en cet homme, simple et ordinaire que l'inspiration divine vient habiter.
Et il en est de nous tout autant. L'Esprit saint que nous invoquons souvent, s'il est comme une colombe, alors il n'est pas rapide comme aigle, ni vif comme l'hirondelle, ni prodigieux comme un nuage d'étourneaux, ni exotique comme le perroquet, ni merveilleux comme le phénix.
Non, le souffle de Dieu est comme une vulgaire colombe. Qui ne cherche qu'à vivre chez toi, en toi, avec toi, dans la simplicité, la familiarité de la vie de tous les jours.
Tel est le souffle de Dieu : voyageur, comme le pigeon, il te porte le message du Christ. Il suffit de l'attendre, avec confiance, avec espérance. Il vole à ton secours, n'aie crainte. Alors fais comme Jean-Baptiste, lève les yeux et cherche-le.
Dans ta vie de tous les jours. Car Dieu se révèle dans le vulgaire, dans le quotidien, le banal de chaque jour, de chaque instant.
Rien à voir avec des effets spéciaux de cinéma qui nous font espérer l'impossible. Non, Dieu est comme une colombe, une simple colombe qui fait ce qu'elle peut... Pas aussi rapide que l'on ne voudrait, pas aussi prestigieux que l’on ne voudrait, pas aussi merveilleux qu'on voudrait, pas aussi puissant qu'on voudrait.
Mais plus fidèle, vous ne trouverez jamais !
A
lors laisse-le entrer en toi, laisse-le t'habiter. Ouvre-lui la porte à ce souffle qui n'a rien d'extraordinaire.
Simple comme une colombe, simple comme un pigeon, Dieu est plus banal que ce que nous imaginions.
Il est, il n'en est pas moins porteur de ce message d'amour : « je suis avec vous jusqu'à la fin des temps » et ça, c’est mieux qu’un simple tour de magie.
Amen !
Pr Arnaud Vandenwiele