Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
DIMANCHE 11 Mars 2018
Culte à Trescléoux (05700)

Lectures du jour :
2 Chroniques 36, 14-23
Ephésiens 2, 4-10
Jean 3, 14-21
Ce Fils qu'il nous a donné
Le texte de Jean que nous venons de lire contient un des versets les plus connus du nouveau testament. En effet, il suffirait que je vous donne le début ; « Dieu a tant aimé le monde » pour que vous continuiez sans difficulté : « qu’il a donné son fils unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle ».
Ce verset est connu par cœur, sans doute parce que c’est un des plus importants, et que son contenu est essentiel. Mais quel est le sens profond de cette parole ?
Il contient trois mots qui expriment trois réalités qui peuvent, ou qui doivent, guider notre façon de vivre, notre manière d’envisager notre place dans ce monde : D’abord Dieu, bien sûr, puis le verbe aimer, parce que Dieu aime, et l’objet : le monde que Dieu aime.
Trois réalités donc : Dieu ; Dieu qui aime ; Dieu qui aime le monde !
Nous allons donc nous arrêter sur chacun des éléments de cette affirmation si pleine de sens :
« Dieu a tant aimé le monde »
Tout d'abord il y a Dieu, Dieu qui a tant aimé !
La société dans laquelle nous sommes ne nous encourage guère à parler de Dieu, à nous préoccuper de Dieu, même pas à nous poser la question de Dieu.
Nous vivons en occident une forme d'athéisme pratique ou de laïcité indifférente qui touche beaucoup de monde. La question de Dieu est loin d’être essentielle ; On le voit à la fréquentation de nos églises, à la place qu’il a dans les conversations, les journaux, les radios et la télévision. Plus grave encore, il n’est plus d’usage d’en parler aux enfants. La priorité n’est pas pour les parents d’offrir un enseignement religieux. Il passe après le sport, la musique et les autres activités s’il reste un peu de temps.
Il n’empêche, on ne chasse pas Dieu si facilement ; et encore moins cette bonne nouvelle : Dieu a tant aimé !
Notre texte nous parle de Dieu, et il nous invite donc dans un premier temps à nous poser la question de Dieu.
Et nous avons en fait beaucoup de questions
Que fait Dieu dans notre monde ?
Quels sont les rapports qui existent entre Dieu et le monde, notre monde ?
Où est Dieu dans notre Univers, et dans l'histoire des hommes ?
Pourquoi Dieu ne parle-t-il pas aujourd'hui ? Pourquoi semble-t-il se taire ? Pourquoi le silence de Dieu face, notamment, à la souffrance et aux injustices de ce monde ? Est-il seulement possible que Dieu puisse être impliqué dans tous ces malheurs qui touchent notre société aujourd'hui ? Est-il possible que Dieu ait livré le monde à lui-même, et qu'il l'ait abandonné à sa triste cause, qu'Il se soit retiré
Et est-il possible d'avoir une réponse à ces questions que l'on se pose souvent sur Dieu ?
Notre texte est important, parce qu'il nous parle précisément de ce que les hommes ont de tout temps voulu savoir :
Dieu s'intéresse aux choses de ce monde ! Dieu aime le monde, ce monde qu'il a créé ! Non ! Dieu n'a pas abandonné le monde à sa condition, à la mort, mais il l'a aimé !
Dieu, le Dieu créateur, est aussi celui qui aime le monde. « Dieu a tant aimé le monde » ! Le Dieu de la Bible se caractérise par son amour envers sa création, envers les êtres humains que nous sommes.
Peut-on seulement imaginer l’amour de Dieu pour le monde, nous qui avons du mal à aimer ?
Pourtant, par Jésus-Christ, Dieu s'est manifesté comme étant amour!
Ainsi le Christ, élevé sur la croix, donne-t-il au croyant la vie éternelle. Comment comprendre cela ? En reprenant l’épisode des Nombres que nous avons lu : Moïse élève sur un poteau un serpent d’airain comme le Seigneur le lui avait ordonné ; et quiconque levait les yeux vers ce signe avec foi échappait à la mort qu’entraînaient les morsures des serpents du désert !
Le don de Jésus-Christ, de même, par son élévation et sa mort sur la croix, est la manifestation la plus profonde de l'amour de Dieu envers nous. Dieu est amour ! Telle est bien l'affirmation centrale de notre texte, et de la Bible tout entière !
Notre texte nous parle donc d'un Dieu aimant, d'un Dieu qui donne et qui se donne, par amour ; d'un Dieu qui n'est pas un Dieu solitaire et égoïste, Un Dieu que la souffrance humaine ne laisse pas insensible. Un Dieu qui nous aime, mieux, un Dieu qui aime le monde.
Et notre texte ne dit pas que Dieu a seulement aimé l'Eglise, ou les chrétiens, mais bien : « Dieu a tant aimé le monde » ! C'est bien ce monde-là, lumineux et ténébreux à la fois, dans lequel nous sommes, que Dieu, nous dit notre texte, a tant aimé ! Dieu a tant aimé le monde ! Dieu a tant aimé les hommes, l'humanité. Dieu aime sa création, et il n'a pas abandonné l'humanité à sa condition.
Il y a dans cette affirmation de l'amour de Dieu pour le monde quelque chose de paradoxal, quelque chose d'assez inouï, d'inattendu !
Il nous est si facile d'aimer ceux qui nous aiment, ceux qui se montrent aimables envers nous.
Mais que Dieu puisse aimer le monde ? Que Dieu puisse ainsi avoir tant aimé le monde, marqué par la rupture, la révolte (et la révolte contre Dieu lui-même), cela nous semble bien inattendu. Et pourtant c'est bien là l'affirmation de notre texte.
De toute évidence, si Dieu a tant aimé le monde, il y a une vraie raison d'espérer. Dieu aime le monde, c'est donc que celui-ci peut être et doit être aussi objet de notre amour. Le Seigneur nous invite à partager avec lui sa passion pour le monde, son amour pour l'humanité, pour les hommes que nous sommes, malgré nos imperfections et nos faiblesses. Il nous est possible d'aimer ce monde, en entrant tout simplement dans le projet de Dieu, dans le dessein de Dieu pour les hommes, pour l'humanité.
Si Dieu aime le monde au point d'avoir donné son Fils unique pour lui, cela signifie aussi que c'est bien par le don de toute notre personne et de tout notre être que nous pouvons être des lumières dans ce monde.
Il nous invite, à notre tour, à nous consacrer avec amour au sens de la vie qu’Il nous donne, en étant véritablement sel de la terre et lumière du monde. Nous avons un devoir de rayonnement dans le monde. Puisque Dieu a tant aimé le monde, il nous appelle à ne jamais désespérer devant des situations qui nous paraissent parfois sans issue.
Le monde peut être beau ; notre société peut reprendre des couleurs et un sens.
Chacune des vies humaines sur terre peut avoir un sens ; encore faut-il que ceux qui croient que Dieu aime le monde ne tombent pas dans le désespoir et le désintérêt.
Il y a toujours quelque chose de lumineux dans ce monde, et dans l'histoire, comme un rayon de lumière qui chasse la nuit, les ténèbres du mal et de l'erreur !
Il est possible d'aimer la vie, d'aimer ce monde dans lequel nous sommes, et dont nous sommes, parce que Dieu porte sur celui-ci un regard d’amour ! Son amour l’emporte sur son jugement ! Dieu porte sur le monde, comme aussi sur notre propre vie, un regard de tendresse, un regard d'amour, comme celui d'un père pour son enfant...
Dieu porte un regard bienveillant sur l'Histoire et sur le monde, et ce, malgré les guerres, et malgré le mal qui sévit jusque dans nos propres vies... Parce que la lumière finira tôt ou tard par l'emporter sur les ténèbres ! Parce que la vie est plus forte que la mort ! Parce que la foi doit forcément l'emporter sur l'incrédulité et le doute, et l'amour sur la haine et la violence qui tue !
Et ce qui rend possible ce regard, c'est précisément Jésus-Christ, qui est là, en réalité comme la clef de voûte de tout l'édifice de notre texte, Jésus-Christ qui rend possible l'espérance ! Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu'il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Il est donc possible, encore aujourd’hui, au 21e siècle, d'être pleins d'espérance, parce que Dieu aime le monde, Dieu n'a pas abandonné sa création, et le Christ l’a assuré : « voici je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».
Soyons donc de ceux pour qui, chaque jour, dans chaque relation, pour chaque projet, la lumière l'emporte toujours sur les ténèbres ; le jour sur la nuit ; le oui sur le non ; la foi sur l'incrédulité ; l'espérance sur le néant et la mort.
Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.
Amen !
Jean Jacques Veillet