Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

Dimanche 12 AOÛT 2012

Culte avec Baptême à Orpierre (05)

Lectures du Jour :

1 Rois 19,4-8 ( voir également sous cette référence, méditation du 13 Août 2017)

Jean 6, 41-51

Éphésiens 4, 30 – 5,2

Un signe, des signes…

Chers amis, Chers Frères et sœurs,

Les lectures qui nous sont proposées chaque jour par un calendrier commun avec nos frères catholiques, nous conduisent depuis 3 dimanches à méditer sur le chapitre 6 de l’Evangile de Jean, un très long chapitre, de 71 versets, qui commence par cette scène connue de tous, la multiplication des pains, que l’on pourrait résumer par l’équation suivante : comment nourrir 5.000 hommes à partir de 5 pains et 2 poissons.

Cette scène se poursuit par des entretiens ou des discours de Jésus, adressés à 3 groupes distincts : la foule, ses disciples-les 12, les chefs religieux, dont ce chapitre décrit le comportement.

Dans le passage que nous venons de lire, Jésus vient de déclarer : «Je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. »

Peu de temps avant, au début du chapitre 6, s’est produit ce que l’on a coutume d’appeler le miracle de la multiplication des pains.

Mais si vous relisez ce passage, vous constaterez que Jean ne parle ni de miracle ni de multiplication. Pour lui, les actes de Jésus, comme celui-ci, sont des signes, il ne parle pas de miracle, car il ne veut pas que l’on reconnaisse en Jésus un magicien, un prodige, disposant d’une puissance surnaturelle, ce qui nous empêcherait de découvrir ce qui est annoncé par le signe, et Jean nous donne la clé de lecture de ces signes, au chapitre 20 :

« Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom. »

Les signes sont les précurseurs d’autre chose, en quoi il nous faut seulement croire. Et tout l’Evangile de Jean tourne autour de cette question du croire et du non croire, face à un même évènement, à un même discours, pourquoi les réactions des uns et des autres sont-elles si différentes, voire opposées, symétriques ?

Et durant les trois années de ministère de Jésus, pérégrinant de la Galilée à la Judée, égrenant ses paraboles (44 en tout), sa pédagogie sera toujours la même ; derrière ces petites histoires à la morale toute simple, derrière ces guérisons qu’il accomplit, se cache un second sens qu’il nous faudra découvrir et ce n’est pas avec la raison que l’on pourra faire ce cheminement, mais avec le cœur.

La rencontre avec Jésus Christ ne se fait pas par la raison, mais par l’ouverture du coeur, voilà le message de Jésus Christ relayé par Jean l’évangéliste.

Derrière les miracles de Jésus, il y a un sens caché, à nous de le découvrir :

C’est pourquoi dans cette histoire de pains et de poissons, Jean ne dit pas que Jésus les a multipliés, mais qu’il les a bénis. D’autres traductions disent que Jésus « rendit grâces », courte prière de reconnaissance et de remerciement adressée à Dieu pour ce qu’il nous donne chaque jour, un bénédicité en quelque sorte.

Et après cette bénédiction, l’insuffisance, le ridicule de ces 5 pains dérisoires face à 5000 personnes, devient abondance et rassasiement.

Et alors que la plupart vont penser tout de suite au rassasiement des ventres et des estomacs, et en rester là, Jésus les met en garde :

« Vous me cherchez, parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. Vous m'avez vu, mais vous ne croyez point. »

Oui, la foule a vu Jésus, mais n’a vu en lui qu’un faiseur de miracles, mais elle n’a pas cru en lui, elle ne reconnaît pas en lui le Fils de Dieu, cette incarnation annoncée par les prophètes de l’ancien testament, celui qui vient pour nous sauver, pour sauver l’humanité, la libérer des principes qui la régissent depuis des millénaires : l’affirmation de soi, la recherche de toujours plus, de pouvoir, de richesse, de puissance, la volonté de toujours s’élever, principes destructeurs, mortifères qui ne nous mèneront qu’un peu plus vite dans le mur.

Je suis venu vous sauver de votre finitude qui vous enferme : une naissance, une mort, et puis plus rien, je suis venu parmi vous, pour vous proposer un retour, une réconciliation avec Dieu, le créateur, votre sauveur.

Je suis la porte qui s’ouvre pour vous sur l’Eternité.

Discours au contenu irrecevable par la plupart, dont la raison ne verra que sornettes pour bigots attardés, certains auront la tentation de se boucher les oreilles, ou pire, de vouloir faire taire celui qui parle,

Mais Jésus insiste : « le pain de vie, c’est moi et quiconque croit en moi a la vie éternelle. » Il ne dit pas crois et tu auras, il dit crois et tu as.

Il ne s'agit donc pas de voir en Jésus un prodige, qui pourrait sans cesse multiplier les pains, ou un gourou à suivre aveuglément, ou un nouveau leader politique qui bouterait les romains dehors, toutes ces réactions traversant la foule, mais de croire, simplement de croire, à travers ce signe donné, que Jésus lui-même est le pain descendu du ciel, pain vivant envoyé par Dieu sur terre, pour nous donner sa vie, la vie éternelle, tout de suite, maintenant, là !

Mais Jésus va encore plus loin dans le double sens des mots : Et lorsque Jésus dit : « Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. », cette phrase est incompréhensible si l’on n’y discerne pas sa mort sur la croix, sa chair meurtrie, broyée pour nous, mais au bout de ce tunnel, il annonce aussi la lumière de sa résurrection, le retour à la Vie, la vie éternelle auprès du Père, qu’il nous propose de partager.

Alors cette phrase de Jésus « : « Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; » prend tout son sens. Mais pour comprendre ce sens, il faut passer par ce mystère du croire.

Ce n’est surtout pas la démarche des chefs religieux, qui disent en gros « mais pour qui se prend-il ? De quoi nous parle –t-il ? Qu’est-ce que cela veut dire ? » Ils le savaient très bien, les chefs religieux, ce que cela voulait dire, car eux ils connaissaient les écritures, notre ancien testament d’aujourd’hui, et toutes les prophéties qui annonçaient le sacrifice du serviteur soufrant ou bien cet épisode de la vie d’Elie que nous venons de lire, et bien sûr cet épisode de la traversée du désert, après la libération d’Egypte, où, dans l’Exode, L'Eternel dit à Moïse : "Je vais faire pleuvoir pour vous du pain, du haut du ciel". » Et lorsque, Jésus ajoute, je suis le vrai pain venu du ciel : et celui qui mangera ce pain vivra éternellement. », Jésus réaffirme sa nature divine, la provocation est trop forte, c’est leur pouvoir qui risque d’être contesté, et le chanteur Guy Béart avait vu juste : Ce jeune homme a dit la vérité…

Mais, « heureusement », il y a en fin de ce chapitre 6, la réaction des 12, qui après avoir tant de fois compris de travers les propos du Christ, lui disent par la voix de Pierre, qui n’est pourtant pas le plus érudit, le plus savant des 12, loin s’en faut : « Seigneur, à qui d’autre irions-nous qu’à toi ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous croyons et nous connaissons que tu es le Christ, le Saint de Dieu. »

La cène

Alors, après avoir longuement parlé de multiplication des pains, de pain de vie, il est difficile de ne pas y voir l’annonce, là aussi, le signe précurseur de la Cène : Recevoir le Christ dans ce tout petit morceau de pain, dans la discrétion d’un repas partagé et non dans un prodige en public, recevoir ce morceau de pain dans l’humilité et non dans la puissance.

Un tout petit morceau de pain, capable de combler tous les manques, de remplir toute une vie par Jésus qui nous rejoint.

Et le véritable miracle de ce récit, il est à chercher dans ce presque rien d’un morceau de pain dans lequel le Christ se donne. On comprend ici que la cène, ce repas singulier, n’a pas pour seule fonction de « faire mémoire ». Elle est le signe que le Christ se donne dans le presque rien et que ce presque rien peut se renouveler chaque jour.

Le Baptême

Et le baptême que nous allons célébrer est un autre signe : Tout comme la multiplication des pains, ce n’est pas l’acte qui est important en lui-même, mais ce qu’il veut signifier.

En ce sens, le baptême ne sert à rien, ce n’est ni un examen d’entrée, ni un bulletin de sortie, c’est un signe que des parents veulent affirmer publiquement devant une assemblée réunie,

C’est le signe qu’ils souhaitent placer leur enfant au bénéfice de l'amour de Dieu

C’est le signe qu’ils souhaitent pour leur enfant une vie vécue en relation avec Jésus-Christ mort et ressuscité :

Signe de l’ouverture d’un chemin vers la foi qui se concrétisera plus tard par un engagement personnel,

Signe de leur volonté d'élever leur enfant selon un idéal de vie, des valeurs qu’ils veulent lui faire partager.

Ils le diront eux-mêmes avec leurs propres mots tout à l’heure.

Conclusion

Alors pour terminer, vous avez tous en tête, au moins une parabole racontée par Jésus, ces petites histoires décrivant des personnages plus ou moins sympathiques, dans diverses situations.

On cherche alors auquel on pourrait s’identifier, ainsi, on se demande si l’on serait le bon samaritain, ou le vigneron, ou le fils prodigue, ou plutôt le méchant serviteur, ou le juge inique ou la vierge folle, etc.…

Alors ce passage nous pose la question : « qui sommes-nous réellement ? » un parmi cette foule qui s’arrête à ce qu’elle voit, incapable d’aller au delà de ce que sa raison lui indique, un de ceux à qui Jésus s’adresse lorsqu’il dit « vous êtes aveugles mais vous ne le savez pas », un de ces chefs religieux, que le discours de Jésus dérange tellement qu’il faut le faire taire, faire taire cette petite voix au fond de nous même qui nous dit « et si c’était vrai, ce qu’il raconte ? »

Ou bien, sommes-nous comme un de ces 12 disciples, avons-nous rencontré ce Jésus devenu le Seigneur de notre vie, ou le rencontrerons-nous un jour, de façon impromptue, plus ou moins soudaine, parce que l’on aura laissé notre cœur s’ouvrir, voilà la question sur laquelle je vous propose de méditer tout au long de cette journée.

Amen !

François PUJOL.