Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

DIMANCHE 26 août 2012

Culte au Villard-La Beaume (05140)

Lectures du Jour :

Josué 24, 1-18 (voir également sous cette référence, prédication du 23 Août 2009)

Jean 6, 60-69

Éphésiens 5,21-32

La confession de Pierre

Nous avons tous des décisions à prendre dans notre vie. Dans des domaines personnels, familiaux, professionnels, politiques. Il arrive un moment où il faut faire un choix, un choix plus ou moins difficile, un choix plus ou moins déterminant pour l'avenir.

Les disciples de Jésus sont face à un choix et ce choix leur semble difficile.

L’enseignement de Jésus à la synagogue de Capharnaüm : « Je suis le pain vivant qui descend du ciel. Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’éternité », discours qui précède le texte de Jean que nous avons lu aujourd’hui, remet en effet tellement de choses en cause. "Cette parole est dure. Qui peut l'entendre?" disent-ils.

La parole de Dieu est une parole qui bouscule tellement d'idées reçues, qui remue, qui bouleverse les habitudes, qui remet en cause les manières de voir et les manières de vivre. Elle est difficile à intégrer, difficile à comprendre, difficile à suivre.

Il y a des disciples qui ne le supportent pas, des disciples qui maugréent derrière son dos, qui n'arrivent pas à accepter ces paroles que le maître semble vouloir leur imposer. Ceux-là vont le quitter. Et il y en a d'autres, d'après le texte de Jean ce sont les Douze menés par Pierre, qui eux font le choix de suivre Jésus, malgré tout. Ou peut-être aussi parce qu'ils ont compris que les paroles qu'ils entendent sont les paroles de vie, que ce sont les seules qui peuvent leur permettre de les conduire, même si cela les emmène sur des chemins compliqués où la facilité n'est pas la règle.

Il y a des choix à faire. C'est le même type de choix que Josué propose au peuple d'Israël, alors qu'entré dans la terre promise, il touche au but.

Josué ne leur dit pas "choisissez Dieu et vous serez toujours vainqueur, choisissez Dieu et vous allez conquérir encore plus". Il leur dit simplement : regardez votre passé, regardez votre histoire, regardez comment Dieu a agi dans la vie de vos pères depuis Abraham, depuis Terah même, le père d’Abraham, qui était païen. Regardez l'action de Dieu et comprenez la valeur de sa parole, comprenez la puissance de cette parole et vivez-en. Craignez le Seigneur et servez-le avec intégrité et loyauté.

Oubliez les Dieux qu’ont servis vos pères en Egypte et servez le Seigneur. Mais s’il ne vous plait pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui à quels autres dieux vous rendrez votre culte.

Ce n'est pas une injonction, pas même une consigne ; Et, signe qu’ils sont libres de leur choix, le livre de Josué précise qu’ils se tiennent « debout devant le Seigneur ».

Josué dit seulement "Moi et ma maison, nous servirons le Seigneur !" On pourrait l'entendre rajouter : "Vous, faites ce que vous voulez, mais décidez vous". Le livre de Josué nous dit que le peuple d'Israël, comme un seul homme, va choisir de servir le Seigneur, celui qui a guidé leurs pères.

Face à la radicalité de l'Évangile, il n'en est pas tout à fait de même pour les disciples du Christ. Car les choses sont difficiles, compliquées même, et les paroles de Jésus sont aussi autrement inhabituelles. Ses interlocuteurs, juifs pratiquants, sont habitués à suivre la loi de Moïse et tous les préceptes qui lui ont été adjoints par la suite. Ils voient bien qu’ils ont affaire à un prophète hors du commun mais ses réponses sont déroutantes : à la question, « que devons nous faire pour accomplir les œuvres de Dieu ? » il leur répond : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous mettiez votre foi en moi, qu’il a lui-même envoyé. La volonté de mon Père, en effet, c’est que quiconque voit le Fils et met sa foi en lui ait la vie éternelle ». On est loin d’une loi, on est loin d’une série de préceptes à respecter, il s’agit maintenant de confiance et d’écoute. La Parole du Christ, qui transmet la volonté de Dieu est le pain qui fait vivre les fidèles, le pain de vie. Comment croire cela ?… comment accepter un tel changement ?

Et la difficulté s’accentue au verset 62 : "Et si vous voyiez le Fils de l'homme monter là où il était auparavant ?..."

Cette montée vers Dieu n’a pas encore eu lieu dans la logique de la narration mais est connue depuis longtemps quand cet évangile est écrit. Elle a sa place ici car elle permet d’aider à faire comprendre le sens profond des paroles et de la vie de Jésus. L’évangile de Jean est en effet plus une explication qu’une narration historique. Cette montée vers Dieu, donc, ne se fait pas dans la gloire et la fête ; elle passe par le calvaire, par la crucifixion, par la résurrection aussi!

On peut entendre la parole de l'Évangile. On peut aussi admettre que cette parole nous permette de vivre, qu'elle nous permette d'avancer. Mais par contre, comment peut-on accepter que celui qui se dit Fils de Dieu, puisse mourir de la manière dont il va mourir ? Comment peut-on accepter cet échec-là de la part de Dieu ? Comment peut-on accepter de suivre un Dieu qui vit, accepte et même revendique, un tel échec ? Comment peut-on croire cela aussi ?

Ainsi contrairement au peuple d'Israël où unanimement tout le monde choisit de rester fidèle à la foi de ses pères, il n'en n'est pas de même dans l’Eglise. Parce que le choix est peut-être autrement plus radical et plus difficile. Il faut l'admettre. Jésus l'admet. Jésus sait depuis le commencement que certains ne croiront pas. Mais Jésus l’accepte. Il admet que la radicalité de l'Évangile puisse rebuter. Il accepte que certains ne comprennent pas, n'adhèrent pas à ces paroles. Il accepte que certains ne puissent pas se mettre en route à sa suite. Il accepte aussi que parmi ceux qui le suivent, parmi ses disciples les plus proches, il y en ait qui le trahissent et qui aillent jusqu'à le livrer. Au pied de la croix, il n'y a pas grand monde. Quelques femmes, et le disciple que Jésus aimait, nous dit l'évangile de Jean. Jésus sait, car il connaît la nature humaine. Il sait que cela n'est pas facile d'être disciple.

Et pourtant il en est certains, qui à la suite de Pierre, se tournent vers lui avec confiance. A la question que Jésus leur pose : « Et vous, voulez vous aussi vous en aller ?» ils répondent : « Seigneur, à qui irions nous ?, tu as les paroles de la vie éternelle ». Ils ont compris que ces paroles, si elles sont difficiles à comprendre, si elles sont difficiles à admettre, si le chemin sur lequel elles conduisent est semé d'embûches, ils ont compris que ces paroles sont véritablement des paroles de vie, des paroles qui permettent d'avancer, de marcher debout, d'avancer libre.

Mais ceux qui font le choix de rester aux côtés de Jésus, qui confessent leur foi, ils ne le font pas d’eux-mêmes ; ce n’est pas nous qui choisissons de suivre Jésus, qui choisissons Dieu, mais c’est lui qui nous choisit. « Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père ». Le mouvement du choix se trouve inversé, il s’agit d’abord de se laisser choisir. Il s’agit de se laisser entraîner par l’amour de Dieu, pour ensuite répondre par la confession de foi, en paroles et en actes. Dieu a fait son choix de faire avec nous, comme il a choisi de faire avec ses disciples ; il fait avec notre courage comme avec notre lâcheté, avec notre dynamique comme avec notre faiblesse, avec notre largeur comme avec notre étroitesse.

Revenons enfin au parallèle avec le peuple d’Israël en route vers la terre promise. La manne reçue par les hébreux dans le désert est l’image de la Torah, ce chemin de vie donné par Dieu. De même, pour Jean l'évangéliste, lorsque Jésus dit qu'il est la « chair », qu'il est le Pain du ciel, le Pain de la vie, il faut comprendre cela dans le même sens. C'est la Parole de Dieu qui est la vie. "Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle".

Aujourd'hui nous sommes placés nous aussi devant cette parole. Il nous faut l’assimiler pour bien la comprendre, pour la faire nôtre afin qu'elle devienne pour nous Parole de vie et qu'elle nous aide à avancer.

Cela n'est pas simple. L'histoire du peuple de Dieu, l'histoire de l'Église, nous a montré combien parfois les tribulations ont été importantes ou ont pris le dessus. Mais ces paroles, paroles de vie, paroles de l'Évangile, elles seules nous permettent de traverser les difficultés, d'avancer. "Tu as les paroles de la vie éternelle ". Nous, nous sommes convaincus, nous savons que c'est toi, le Christ, qui est le Fils porteur de l’héritage du Père, porteur de sa Parole et de son Amour.

Amen !

Jean Jacques Veillet