Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
DIMANCHE 5 AOÛT 2 0 1 2
Culte à ST LAURENT DU CROS (05)

Lectures du Jour :
Exode 16, 2 à 15 ( voir également sous cette référence, méditation du 2 Août 2015)
Éphésiens 4, 17 à 24 ( voir également sous cette référence, méditation du 5 Août 2018)
Jean 6, 24 à 35
Je suis le pain de vie
Nous sommes ici au lendemain d'une des multiplications des pains. Jésus est passé ensuite de l'autre côté de la mer de Tibériade appelée aussi mer de Galilée, et la foule qu'il vient de nourrir est partie à sa recherche. Il est bien certain que, pour ces gens, manger à leur faim n'est pas évident tous les jours et combien est impératif pour eux de garder un tel homme providentiel! C'est bien ce que l'Ecriture nous dit au verset 26: "Vous me suivez, non parce que vous avez vu des miracles mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés".
Ainsi nous voyons ici que c'était bien la nourriture terrestre qui comptait pour eux en premier et que pour cela on comprend qu'ils désiraient retrouver celui par qui le miracle était arrivé! Cet impératif est-il si différent aujourd'hui avec nos mentalités si avides de bien-être et de confort?
Dans tout ce chapitre 6 de Jean, il est souvent question de "Pain". Le Pain que Jésus a distribué à la foule et dont il se qualifie lui-même en bien des circonstances est devenu avec Lui un Symbole.
La famine en effet en bien des occasions n'est pas seulement physique mais surtout spirituelle: c'est la famine de la soif de Dieu "Pain du Ciel" absolument nécessaire pour notre âme et notre esprit. En son absence, nous ne mourrons certes pas physiquement mais plutôt spirituellement. Notre vaste monde vit sans Dieu sans bien souvent s'en rendre compte.
La situation des Hébreux alors sortis d'Egypte fait état d'une faim physique comme nous l'avons lu dans le livre de l'Exode. Les provisions du départ viennent à manquer; ils pensent qu'ils vont mourir de faim dans ce désert de sable à l'infini. Alors ils se révoltent contre Moïse, se souvenant des "plats de viande" et de "pain à satiété" oubliant presque qu'ils étaient alors esclaves en Egypte. Cela, ils semblent l'avoir un instant oublié. Que la mémoire est courte par moments! Alors là encore, Dieu entendant leurs plaintes, va leur donner la "Manne", nourriture étrange et non conservable, et qui leur permettra de vivre quarante ans dans le désert du Sinaï.
Toutes proportions gardées bien sûr, on retrouve un peu cette situation dans le récit que nous relate aujourd'hui l'évangile de Jean. Des personnes se sont regroupées autour de Jésus pour l'écouter et pour s'instruire et tout à coup l'heure du repas arrive. Personne n'y a songé par avance sauf peut-être un jeune garçon qui avait dans son panier "cinq pains d'orge et deux poissons". Mais qu'est cela pour tant de gens à nourrir en l'instant?! Et c'est là encore que Jésus les nourrit et il en est même resté "douze paniers"!...
C'est là que se situe une nouvelle fois le Miracle pour lequel la foule pense un instant enlever Jésus pour le "faire Roi". Mais là, Jésus sentant le danger, leur échappe et se retire "tout seul" à nouveau dans la montagne.
C'est ici toute la réaction et le sens de la démarche de cette foule qui se retrouve dans une autre situation que les hébreux, certes moins dramatique, mais qui demandent à être eux aussi rassasiés. Or, ayant ici la démonstration de ce que pouvait faire Jésus, ils sont partis à sa recherche, voulant par-là assurer pour longtemps leur existence en toute quiétude, à l'abri de tous leurs besoins essentiels au quotidien.
Alors Jésus, poursuivant son message, aura cette exhortation oh combien salutaire que nous retrouvons avec le verset 27 de notre lecture " travaillez, non en vue de la nourriture qui périt mais en vue de la nourriture qui subsiste pour la vie éternelle, Celle que le Fils de l'Homme vous donnera". C'est là, dans le domaine de la Foi, tout le sens posé par le texte de ce jour et qui doit susciter en nous une réponse positive de notre véritable relation à Dieu, le Dieu de Jésus Christ. Car la faim physique ne doit pas être la seule obsession de nos pensées car la parole de Jésus vient ici tout à propos nous réveiller, nous avertir de ce qui est essentiel dans la Vie.
Oui, la Foi répond à d'autres critères qu'à l'humain seulement, car la parole vivante de Dieu affirme un monde de gratuité par le don de l'Esprit. Il n'y a là aucun doute et ceux et celles qui en douteraient, l'ont-ils seulement demandé un jour avec ferveur et persévérance? Car dans le domaine de la Foi, nous sommes accueillis tels que nous sommes et aimés sans artifices et sans conditions. On n'a pas la Foi comme on possède un compte en banque!
C'est quotidiennement que nous en avons besoin en toute quiétude et détermination sans le calcul de nos œuvres. Peut-être alors qu'en ce domaine nous manquons un peu d'humilité ou de persévérance... Nos allées et venues qui cherchent perpétuellement à tout vouloir prouver ou admettre nous laisseraient sur notre véritable faim alors que seul, Jésus est le "pain de Vie" comme Il l'affirme dans les évangiles, nous permettant alors de comprendre et de recevoir la promesse du Christ telle qu'il nous l'affirme : « Je suis le Pain de Vie. Celui qui vient à Moi n'aura jamais faim et celui qui croit en Moi n'aura jamais soif ».
C'est peut-être un peu trop simpliste diront certains pour l'entendement humain. Peut-être aussi difficile à accepter en face de notre fierté et de notre esprit cartésien qui y fait souvent barrage.
Seul le Seigneur peut nous apporter cette Paix intérieure dont nous avons tant besoin pour poursuivre notre route ici-bas, hors de toutes craintes et tremblements. C'est en effet Lui qui nous ouvre un chemin de Liberté et d'Espérance.
Oui, le croyant est un nomade qui voyage léger et un homme de désir qui, comme St Paul, sait pouvoir compter chaque jour sur un Dieu qui s'est fait pour lui, Parole et Pain de Vie.
Amen !
Jean-Pierre MOREL