Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

DIMANCHE 23 Aout 2009

Gap (05000)

Lectures du jour :

Josué 24, 1 à 18

Jean 6, 60-69

Éphésiens 5, 21-32

« Moi et ma maison nous servirons l’Eternel »

’il y a un verset qui me tient particulièrement à cœur, c’est bien celui-là : « Moi et ma maison nous servirons l’Eternel ». C’est le verset qui est inscrit sur ma Bible de début de catéchisme… c’est « mon » verset !!!

C’est avec d’autant plus de joie et de plaisir que j’ai découvert que c’était le texte du jour pour ma reprise d’après vacances.

Parce qu’il me semble que ce passage de Josué est plus qu’une simple invitation ; c’est un véritable plan de vie, c’est un choix décisif, aussi fort que le passage du Deutéronome annonçant : « voici, j’ai mis devant toi le bien et le mal, la vie et la mort : choisis la vie ».

Dans ce verset, encadré de tout le chapitre 24 de Josué, je vous proposerai trois pistes de réflexion pour mieux cerner le message contenu, la bonne nouvelle qui nous est offerte :

Tout d’abord, quel Dieu sommes-nous appelés à servir…QUEL DIEU ?

Ensuite, pour quoi « moi et ma maison » ?

Enfin, quel service sommes-nous appelé rendre ?

Quel Dieu ?

Pour la plupart d’entre vous, la réponse est une évidence. Si nous sommes là ce matin, c’est bien que nous savons à quel Dieu nous avons affaire.

Pourtant, je crois que pour chacun d’entre nous, il est régulièrement nécessaire de dépoussiérer notre perception de Dieu. Pourquoi ?

Il y a me semble-t-il quelques dangers à « enfermer » Dieu dans une image, dans des perceptions personnelles, dans des dogmes, dans des rites, et ainsi à s’éloigner de Dieu.

Nous n’avons jamais à enfermer Dieu ; Dieu ne s’est lui-même jamais laissé enfermer, pas même dans un nom ; Dieu est le tout-Autre ; Dieu est Celui qui me dépasse, qui me surpasse. Et on comprend avec cette perception-là si bien la phrase de Jésus : « Nul ne vient au Père que par moi ». La rencontre de Dieu avec l’homme nécessite cette médiation du Christ, vrai homme et vrai Dieu…Sinon, on est dépassé !

Mais malgré le Christ, nous nous forgeons chacun notre petite image taillée perso : Dieu peut ainsi être pour l’un le Dieu-copain, Celui à qui on raconte ses secrets mais sans rien attendre d’autre qu’une oreille compatissante ; pour l’autre, Il sera le Dieu « tout-puissant », par qui tout arrive, avec une perception proche de celle de Job : « L’Eternel a donné, l’Eternel a repris, béni soit le Nom de l’Eternel » ; il pourra aussi être le « Dieu- abracadabra », avec qui l’on a une relation que quand quelque chose ne va pas; certains le percevront comme le Dieu « punissant », qui nous attend au tournant et dont il faut avoir peur ; enfin, d’autre penseront de Dieu qu’Il est le Dieu-vache à lait : quand on a besoin de quelque chose, on va le prier…

Alors, quel Dieu ? je vous épargnerai la liste des attributs de Dieu que la Bible nous donne.

Je me contenterai de dire ce matin que nous n’avons pas à perdre de vue le respect dû à Dieu ; non pas dans la peur, mais dans la crainte, celle du Dieu créateur, du Dieu sauveur, du Dieu unique et au-delà de ce que l’on peut imaginer, du Dieu d’amour.

Et un mot revient dans ce passage de Josué, que l’on retrouve dans le préambule des dix commandements : Dieu est un Dieu jaloux. Dieu ne veut pas d’autres dieux dans notre vie.

Vouloir Le servir, sans tomber dans la peur ou l’image d’un Dieu écrasant, c’est aussi faire le ménage des dieux que nous servons, ou auxquels nous sommes asservis… quelle drôle d’idée !! mais nous n’avons pas d’autres dieux !!

Pourtant, la liste de nos idoles est longue ; je les cite de temps en temps : le dieu- Mammon vient certainement en tête du hit parade ; le dieu-consommation est pas mal non plus ; le dieu-égocentrisme est en très bonne place ; le dieu-confort personnel est assez prisé ; le dieu-football a ses adeptes ; le dieu-rites qui fait passer les bonnes vieilles habitudes d’église avant Dieu lui-même ; les dieux alcool-drogue et tabac qui vous rendent accros ne sont pas en reste ; le dieu-superstition a aussi ses prétendants, avec tous ceux qui » touchent du bois » ; et puis le dieu des jeux, le dieu- astrologie sont aussi très courants. Le dieu-internet prend aussi de l’ampleur…Avec tous ces dieux-là, on passe un temps fou…Avouons ! le dieu-Edouard Leclerc nous prend plus de temps chaque semaine que Dieu !!!!!

Alors, méditer sur « moi et ma maison nous servirons l’Eternel », c’est décider de mettre Dieu à une place de choix dans notre vie ; ça peut passer d’ailleurs par la décision de s’imposer chaque jour un temps, même court, pour lire la Bible, pour parler à Dieu. Même cinq minutes seront peut-être bien plus que ce que nous vivons actuellement.|

Et ce n’est pas une punition !!! C’est s’imposer un rythme pour vivre une dimension bénie : celle de se nourrir de cette relation que Dieu offre ! Quel Dieu ? la réponse pourrait bien être le Dieu du salut, le Dieu d’amour, le Dieu qui depuis des générations et des générations, comme le rappelle le passage de Josué prend soin de nous et ne saurait décevoir ; le Dieu des projets, le Dieu de la vie ; le Dieu du pardon ; le Dieu de la reconstruction ; le Dieu de l’accompagnement ; le Dieu de la consolation ; le Dieu tout-autre et si proche… Il n’y en a pas deux comme Lui, le Dieu de Jésus-Christ…Seulement de pâles et fausses copies trompeuses et éphémères, qui ne peuvent que nous décevoir.

Voilà le Dieu que nous sommes appelés à servir.

Vient ensuite la partie « moi et ma maison » ; dans l’ancien testament et dans la culture du bassin méditerranéen du temps de Jésus, ce n’est pas l’individu qui prime. L’individu n’est qu’un élément d’un groupe. D’ailleurs un bon nombre de sociétés, notamment en Afrique, vivent encore fortement cette notion du groupe. Jésus a donné une dimension nouvelle à l’individu, non pas comme individualiste, mais comme personne ayant valeur aux yeux de Dieu non pas par rapport au groupe auquel il appartient mais comme créature aimée personnellement et sauvée personnellement.

On rencontre des récits dans le livre des Actes montrant qu’untel et toute sa famille furent baptisés…

Là, on pourrait penser que le « moi et ma maison », c’est un peu comme le temps du « un roi une foi ».

Mais le « moi » placé avant ma maison me fait dire que ce texte, même si nous le lisons dans un contexte où notre individualité prime sur le groupe, peut être très parlant.

Ce « moi » m’appelle à être le moteur de ma famille, de mon entourage, de mes enfants, de mes parents, de mon conjoint. Ce « moi » m’invite à donner envie !

Imaginez ces familles où le caté est une corvée, où les enfants sont laissés dans la cour sans aucune relation durant toute l’année et où les parents ne viennent pas même aux cultes animés par leurs propres enfants…Et bien là, pour une fois, les enfants suivront l’exemple des parents !!! Il y a fort peu de chances que les enfants prennent du plaisir à venir au temple et prennent le temple pour leur « chez-eux » !!! Certains me diront » oui, mais nul n’est prophète en son pays »…

Mais qu’est-ce qui interdit aux parents de prier de temps à autre avec leurs enfants ? Qu’est-ce qui interdit aux grands-parents de raconter des histoires de la Bible, ou d’emmener de temps à autre pour un culte festif leurs petits-enfants ? qu’est-ce qui interdit de proposer aux enfants des voisins de les emmener au caté « pour voir » ? Qui serait vraiment empêché d’offrir à ses enfants ou petits-enfants une Bible illustrée ?

On est appelé à être un peu des locomotives de la foi, des « allume ou rallume-flamme », des veilleurs pour ceux qui nous entourent, des donneurs d’envie, pour peu que soi-même, on soit conscient que la relation avec Dieu, c’est extraordinairement fort, vivifiant, réjouissant, paisible et remuant à la fois. On n’est pas appelés à être tout le temps des prosélytes zélés ; mais par exemple si vous aimez particulièrement un aliment ; si votre abricotier donne des merveilles, vous aurez envie de faire goûter à ceux que vous aimez, sans vous dire « est-ce que je fais du prosélytisme ? » !!!

Et toute ma maisonnée, je suis aussi appelé à prier pour elle ! Quelle belle mission d’ailleurs que de remettre à l’amour, la compassion et la bénédiction de Dieu sa famille !

Enfin, quel service sommes-nous appelés à rendre à Dieu ? Il y a celui de sa maison, où chacun selon son ou ses dons, a sa place pour rendre la vie de son Eglise plus belle, plus riche, plus accueillante, plus proche de la Bonne Nouvelle. Là, je dis bien que chacun a sa place, parce que le catalogue est long, très long, de toutes les tâches que l’on peut accomplir. Et je vous assure que dans cette paroisse, Dieu a été particulièrement généreux pour les dons !!!

C’est tout de même merveilleux de se dire qu’on peut « rendre service à Dieu » !! Que ce soit par la prière, par le pliage de lettres, par le ménage, par l’enseignement, par la musique, par le fleurissement, par le bricolage, par l’offrande, par les dons manuels, par l’écoute, par la visite, par le chant, par le sourire et l’accueil, par la prédication, par l’organisation des agapes, par les paroles d’encouragement, par la disponibilité, par, par…. La liste serait si longue !! Chacun A sa place dans le service pour Dieu dans son Eglise.

Mais le champ de Dieu ne se limite pas à l’Eglise ; le champ de Dieu, dit-on, c’est le monde. Servir Dieu, avec la force, la joie et la paix du Christ, c’est faire les choses du quotidien, dans son travail comme dans son temps de retraite, avec un regard neuf, avec cette présence de l’Esprit en nous qui nous appelle à voir les autres comme si c’était le Christ lui-même et à vivre chaque moment comme étant précieux et différent.

Josué qui parle là au nom de l’Eternel puis parle à l’Eternel devant le peuple aura connu bien des difficultés dans sa vie ; tout d’abord la lourde tâche de prendre le relais sur Moïse pour emmener le peuple hébreu jusqu’à la terre promise ; la gestion des douze tribus ; la prise de Jéricho ; les batailles pour différentes conquêtes ; le difficile partage du pays, et bien d’autres épisodes… Et Josué n’était pas un surhomme. Josué a « juste » voulu suivre la voie de l’Eternel et se mettre à son service. Et c’est à la toute fin de sa vie que cette exhortation au peuple et ce magnifique « moi et ma maison nous servirons l’Eternel » éclate comme une confession de foi ; vie toujours tournée vers la volonté de l’Eternel.

Dieu ne nous demande pas de faire autant de choses que Josué ; Dieu attend de nous que ce que nous faisons, nous le fassions bien, jusqu’au bout, avec intérêt, avec courage, avec compassion, en respectant l’Homme, en respectant sa terre.

Dieu attend de nous que nous nous tournions vers Lui et que nous lui fassions confiance, en chassant de nos vies tous ces faux-dieux qui nous empoisonnent et nous rendent esclave, asservis.

Dieu espère en nous, attendant que nous lui disions, en Jésus Christ, comme Simon Pierre : «Seigneur, à qui irions-nous ; c’est toi qui as les paroles de la vie éternelle ».

Voilà ! Nous sommes juste appelés à dépoussiérer l’image de Dieu que nous nous sommes taillée pour redécouvrir Dieu, le Dieu de Jésus-Christ ; appelés à chasser nos faux dieux qui nous pourrissent la vie ; appelés dans l’Eglise et dans le monde à vivre les dons et les fruits de l’Esprit. Et là, nous allons tous nous ouvrir à de grandioses bénédictions, j’en suis persuadée !

Amen.

Nathalie PAQUEREAU