Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

DIMANCHE 1° février 2015

Culte à Trescléoux-05700

Lectures du Jour :

Marc 1, 21-28

Deutéronome 18, 15-22

1 Corinthiens 7,32-35 (voir également sous cette référence, méditation du 28 Janvier 2018)

Tais-toi !

Frères et sœurs, nous poursuivons la lecture de l’Evangile de Marc par ce passage du 1° chapitre, dans lequel il s’est déjà passé pas mal d’évènements importants :

Le contexte de Marc 1

* Tout d‘abord, le baptême de Jésus qui se termine par cette proclamation céleste : Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis toute mon affection,

* Puis le séjour au désert où Jésus est tenté par Satan, qui n’est pas cet être hirsute et cornu qui gesticulerait devant nous, car Satan, il s’immisce à l’intérieur de chacun de nous, et il en était ainsi également pour Jésus qui devait clarifier ce qu’il allait faire de cette divinité qui venait d’être proclamée lors de son baptême :

- Va-t-il afficher sa divinité de sorte qu’il n’y aura aucun doute sur elle et que toute l’humanité devra s’incliner devant Lui ? Sera en quelque sorte « obligée de croire » ?

- Va-t-il mettre cette puissance divine au service de projets humains, en particulier politiques ? Va-t-il il endosser le costume du messie que ses contemporains voudraient lui faire porter : celui qui transformerait miraculeusement la terre en paradis, supprimerait toutes les maladies, bouterait l'envahisseur hors du pays ?

- Enfin, utilisera-t-il cette puissance pour esquiver, s’épargner la fin de son itinéraire terrestre, cette coupe qu’il devra boire, afin que la puissance de son Père et non la sienne soit manifestée dans sa résurrection ?

On sait la réponse qu’il donna à ces trois questions, renvoyant le diable à ses turpitudes et voilà où nous en sommes lorsqu’il entre dans cette synagogue à Capernaüm.

Il enseigne avec autorité

Donc, dans cette synagogue, Jésus enseigne, bien qu’il ne soit pas scribe, les seules personnes ayant reçu pouvoir de commenter les textes sacrés, et il le faisait, dit Marc, avec autorité.

Il enseignait avec autorité, non pas comme les scribes, qui commentent la Parole de Dieu, comme nous le faisons, parfois, se contentant de répéter, génération après génération des paroles fort savantes mais qui n'engagent à rien, Lui, il est la Parole de Dieu, ce qui donne à son enseignement une toute autre force et une toute autre pertinence.

Par ce premier miracle, avec cet homme « possédé », Jésus va confirmer cette annonce de Jean-Baptiste : Dieu s’est approché vous :

Car Jésus ne se contente pas d’enseigner son auditoire, ce qui serait une proximité toute relative, il va au charbon, il assume la responsabilité de ce qu’il enseigne, il va chercher le mal là où il est, il accepte la contradiction, mais pour la combattre, et une parole suffit pour mettre fin au débat : c’est la victoire par la parole de Dieu.

Jésus nous appelle

Cette voix qui conteste, ce peut aussi être une voix intérieure, qui dit à peu près la même chose que cette voix qui apostrophe Jésus dans la synagogue : Nous te connaissons trop bien, que viens-tu te mêler de nos affaires ?

Eh oui, Jésus vient appuyer là où ça fait mal, car bien sûr, nous le connaissons trop bien ce compagnon de notre jeunesse, que nous fréquentons depuis les bancs de l’Ecole du Dimanche, nous aimons bien sa compagnie qui nous rassure, mais voilà, de temps en temps, il devient un peu trop exigeant, il nous met la pression, ou plus exactement, le nez dans nos contradictions, dont je ne vous donne pas le détail, vous les connaissez aussi bien que moi, il veut nous emmener sur des chemins que nous ne voulons pas emprunter.

Alors nous entendons cet autre nous–mêmes se rebiffer, dire mais que nous veux-tu à la fin, nous ne voulons plus avoir affaire avec toi. Et ça c’est le prélude d’une terrible défaite, la défaite de ceux qui lâchent prise, qui renoncent à lutter, se laissent emporter par leurs Satan d’aujourd’hui, que sont nos aliénations, nos désespérances, c’est-à-dire toutes situations, tous comportements, toutes attitudes, dont nous sommes prisonniers, et dont nous acceptons de le rester.

Mais Jésus ne lâche pas. Une parole suffit Tais-toi, pour nous libérer. Pas besoin de mise en scène et autres manifestations tapageuses, une seule parole de Jésus suffit pour libérer chacun de ses démons intérieurs, qui sont autant de péchés, c’est à dire autant d’obstacles à une pleine communion avec Notre Seigneur, le péché c’est cela : tout ce qui fait obstacle à notre réconciliation avec Dieu. Le péché n’a donc pas grand-chose à voir avec de quelconques fautes morales. (Une personne peut être bien sous tous rapports et pourtant très éloignée de Dieu).

La liturgie du culte

Alors finalement, pourquoi croyez-vous que nous venions au culte ? Il peut y avoir autant de raisons que de participants, mais lorsque nous entrons dans ce temple, notre double, notre face sombre, elle y entre aussi. C’est comme pour une médaille : si l’on accepte de porter une médaille, on ne peut pas ne pas porter en même temps le revers de la médaille. Avec notre double, notre autre nous-mêmes, c’est pareil, on ne peut le laisser au vestiaire le temps de ce culte.

Et si notre liturgie comprend la confession des péchés, ou plutôt de notre péché, c’est bien qu’il est toujours là, notre double sombre et que nous avons besoin d’entendre dimanche après dimanche cette parole de pardon, une parole toute simple, mais dite avec la force, la puissance du Fils de Dieu : va, ta foi t’a sauvé ou ta foi t’a sauvé, va et ne pèche plus.

Combien d’hommes et de femmes ayant entendu ces paroles sont repartis libres, sont redevenus eux-mêmes (sauf un, le jeune homme riche, qui est resté prisonnier)… Et nous, en sortant de ce culte, ne nous sentons-nous pas plus légers, comme libérés d’un poids, d’un fardeau invisible ? Mais comme nous ne sommes que des hommes et des femmes ordinaires, cela ne dure pas bien longtemps, d’où la nécessité de revenir ici dimanche après dimanche entendre ces paroles la grâce et la paix nous sont données de la part de Dieu le père et de Jésus Christ notre Sauveur.

Derrière cette libération, Jésus nous dit ne te cache pas derrière les autres, n’aies pas peur de sortir de ce troupeau qui dit nous, je te donnerai le courage de dire je, de quitter le confort de cet anonymat de la pensée dominante. Je suis avec toi, je te donnerai le courage d’être, d’être toi-même, libre, différent, et si les forces te manquent, je te porterai.

Qui est- Jésus ?

Cette autorité qui émanait de Jésus, conduisait ses contemporains à se poser pas mal de questions, troublés aussi peut-être par ce texte du Dt que nous avons lu, les mauvaises langues émettant même des doutes sur ses origines, les autres, curieux, lui demandent, comme à Jean Baptiste, mais qui es-tu ? D’où te vient ton autorité ? Et Jésus leur répond et vous, qui dites-vous que je suis ?

Répondre à cette question, comme l’homme à l’esprit impur Je sais qui tu es, le Saint de Dieu, n’est pas la bonne réponse attendue par Jésus, car la réponse n’est pas de savoir qui il est en général, ou de savoir ce qu’on dit de lui (ce qu’on nous a dit de Lui), mais de savoir qui il est vraiment pour moi, pour chacun de nous, c’est seulement ça qui intéresse Jésus, et qui doit nous intéresser.

Seuls connaissent vraiment Jésus, ceux qui s’en approchent avec leur cœur, ceux qui le suivent jusqu’au pied de la croix et qui au pied de cette même croix, disent, comme le centurion romain, cet homme est vraiment le fils de Dieu, avant même que celui-ci ait été ressuscité, par la puissance de Dieu.

Voilà ce qu’est connaître vraiment Jésus, et dans cette relation intime que nous aurons avec lui nous pourrons l’entendre nous dire n’aies pas peur, crois seulement.

Amen !

François PUJOL