Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

DIMANCHE 11 Janvier 2015

Culte à Trescléoux-05700

Textes bibliques:

Marc 1, 7-11

Esaïe 55,1-11

1 Jean 5, 1-9

« Tu es mon fils bien-aimé »

Bien sûr, nous savons tous ce qu’est le baptême : nous avons sans doute tous été baptisés, que nous nous en souvenions ou pas. Nous savons que c’est un sacrement dans toutes les églises chrétiennes et que c’est la marque de notre appartenance, par notre volonté ou par l’espérance de nos parents, à l’Eglise de Jésus-Christ. Le signe du baptême est cette eau dans laquelle on était autrefois plongé et plus modestement maintenant ce petit peu d’eau que l’on verse sur la tête du baptisé et qui accompagne les paroles de bénédictions dites à cette occasion.

Mais ce signe de l’eau existait déjà avant le christianisme dans certains cercles juifs, chez les esséniens par exemple, comme symbole de purification et c’est bien de cela qu’il s’agissait au temps de Jésus. Jean le Baptiste, dont on dit qu’il était cousin de Jésus et de la même génération que lui pratiquait ce rituel de purification envers ceux qu’il appelait à la conversion du cœur. C’était la marque de leur renoncement au péché, alors que traditionnellement, à cette époque, c’est par des sacrifices d’animaux au temple de Jérusalem et par l’intermédiaire des prêtres que les juifs marquaient leur foi au Dieu Unique et leur espérance en sa bienveillance. Ce fut le cas lors de la présentation de Jésus au Temple par ses parents quelques semaines après sa naissance comme nous l’avons lu il y a quinze jours dans l’évangile de Luc.

C’est donc dans ce contexte particulier, que Jésus, âgé d’environ trente ans apparaît pour la première fois au lecteur de l’Evangile de Marc, en se présentant au baptême qu’offre Jean le Baptiste à tous ceux qui le suivent et veulent changer de vie

En lisant ce texte d’aujourd’hui, il y a lieu d’être surpris !

Jésus n’apparaît qu’à ce moment là, soudainement, pour son baptême. Il apparaît brusquement, hors de tout contexte, sans qu’il ait été question de lui alors que nous avons tous en tête les récits de sa création, de sa naissance, voire de sa jeunesse que l’on trouve dans les autres évangiles et qui sont pour nous un panorama de fond depuis l’Ecole du Dimanche.

Or ici, en abordant le texte qui nous est proposé, nous ne savons encore rien de Jésus

Ce récit du baptême de Jésus, que chacun ici connaît par cœur pour l’avoir entendu chaque année, est en effet présent dans les quatre évangiles. Avec quelques nuances rédactionnelles, mais dans des contextes très différents. Et cependant, avec les mêmes mots venant du ciel et le même Esprit sous forme de colombe.

Il est bien sûr toujours précédé de la relation du ministère de Jean Baptiste et les deux forment un tout qui fait suite chez Matthieu et chez Luc aux récits de l’enfance de Jésus.

Chez Jean, il vient immédiatement après le prologue sur la Parole faite chair en la personne de Jésus Christ.

Et chez Marc, comme vous l’avez entendu, il vient juste après la simple phrase d’introduction de l’évangile : « Commencement de l’évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu. Et se termine par l’affirmation de la voix qui vient du ciel : « Tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis toute mon affection .

Car c’est là, chez Marc, toute la filiation et la généalogie de Jésus : sans aucun commentaire, ni aucune fioriture. Alors que Matthieu nomme tous ses ancêtres depuis Abraham et que Luc fait de même depuis Adam

Pas un mot sur ses parents, Ni sur Joseph, ni sur Marie, et ceci, non seulement au moment de sa naissance, dont il n’est pas question, mais même dans tout le déroulement de cet évangile, qui, il est vrai est le plus succinct et sans doute aussi, le plus ancien des quatre.

Pas un seul mot concernant ses parents. Ni sur lui.

En fait, en y réfléchissant, nous savons bien peu de chose de Jésus et on peut penser que pour Marc, il n’est pas nécessaire de descendre de la lignée de David, ni de remonter à Abraham, voire à Adam pour être l’élu de Dieu : il n’y a rien à prouver.

Le choix de Dieu lui appartient, il ne se discute pas : et de ce choix divin, car c’est bien d’un choix, d’une adoption si vous préférez, qu’il s’agit là, nous ne savons rien de plus, sinon qu’il est à l’origine des événements, des rencontres, des enseignements, des enthousiasmes et des déconvenues qui jalonneront la trop courte vie de Jésus de Nazareth.

Cette vie qui s’inscrit dans la longue histoire de ce petit peuple d’Israël balloté entre de puissants empires. Et qui sera à l’origine du phénoménal élan spirituel qui portera le développement du christianisme l

Ce texte introductif de l’évangile de Marc, si simplement énoncé, reconnait d’emblée, dans la personne de Jésus, le Messie, le Christ annoncé par les prophéties successives qui ont jalonné le temps et les écrits bibliques, essentiellement depuis le désastre de l’exil à Babylone du peuple juif.

La présence unanime et identique dans les quatre évangiles de ce récit de l’élection de Jésus au moment de son baptême par Jean le baptiste, dit assez l’importance reconnue de l’évènement dans toute la tradition évangélique, et combien la relation de cet évènement a marqué les esprits, alors que Jésus n’était pas encore connu, et même que l’on ne sait rien de lui avant cet évènement. On ne sait même pas, car le texte est muet sur le sujet, qui a entendu « cette voix venue du ciel » et les réactions des personnes présentes lors de l’évènement. Vous êtes vous déjà posé la question ?: Qui a entendu cette voix, qui ressemble étrangement à celle qu’a entendu Moïse ,près du buisson ardent, puis sur le Mont Horeb, pour lui dire ce qu’il devait faire pour son peuple, puis ce que le peuple devait faire pour être réellement le peuple élu ?

La voix qui, ici, au baptême de Jésus, se fait entendre ne donne pas un ordre d’exécution, non, mais simplement affirme: « Tu es mon fils bien aimé » Jésus est là particulièrement distingué. Ce mot de fils n’est pas un terme général ou utilisé par un des apôtres : c’est Dieu qui parle. Ce n’est pas non plus une approximation telle que « un fils » ou « comme un fils » ! c’est un terme d’appropriation : « mon fils » qui sous entend qu’il n’y en a qu’un.

Cette voix crée un lien indéfectible entre Dieu et Jésus : un lien qu’on ne discute pas et qui n’amène aucune réponse de la part de Jésus qui d’ailleurs, est resté muet tout au long de l’épisode.

Que signifie ce lien filial ? Et qu’est-ce donc qu’être fils ?

C’est être de la lignée: être un maillon dans une lignée. Jésus est donc un maillon porteur des attributs de Dieu : Dieu est Parole, il est Esprit, il est amour comme nous le confessons. Et Jésus est donc aussi porteur de la Parole de l’Esprit Saint, et de l’Amour de Dieu.

Mais, on peut penser que c’est sans doute à ce moment particulier de son baptême, à cet instant initial de sa vie, que Jésus a pris conscience de sa vocation. Après, comme le rapporte la suite du texte, avoir pris, dans le désert, le temps de la réflexion profonde qui s’imposait.

Et c’est alors, que Jésus c’est lancé dans l’aventure et que rapidement, sa personne a été en quelque sorte, comme nous dirions aujourd’hui, médiatisée, qu’il a été connu et que son ministère a pu se développer, s’amplifier. Que son enseignement a pu être écouté, être entendu, être répandu et qu’un certain nombre de personnes ont été convaincues, se sont multipliées, l’ont suivi de lieux en lieux et ont poursuivi son œuvre en diffusant sa parole, toujours porteuse de l’amour de Dieu pour l’humanité.

Et aujourd’hui, nous en sommes les héritiers : héritiers de la Parole, reçue à travers les siècles.

Héritiers de la Parole, mais héritiers, par l’Esprit Saint qui doit nous animer, de l’Amour de Dieu que nous recevons et que nous devons avoir pour les autres.

Et cet héritage nous avons le devoir de le transmettre, de tout faire pour ne pas le gaspiller, de ne pas le laisser se dévaloriser, au risque de le voir disparaître, mais au contraire de le faire fructifier pour en faire profiter un maximum de personnes.

C’est cela l’évangélisation, à laquelle nous nous devons de donner de notre temps en réponse à la grâce que nous avons reçue le jour de notre baptême. C’est notre vocation de chrétiens, à la suite du Fils bien-aimé de Dieu.

Amen !

Jean Jacques Veillet