Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

Dimanche 15 Nov.2009

Culte à Gap (05000)

Lectures du Jour :

Daniel 12, v.1 à 3

Marc 13, v.24 à 32

Hébreux 10, v.11 à 18

Au Travail !!

Quand quelqu’un prête sa maison à quelqu’un d’autre, on peut dire que c’est une situation toujours très délicate ! Qui n’a pas une anecdote à raconter là dessus : « j’avais confié ma maison : toutes les plantes ont crevé ; j’ai prêté ma maison pour une fête, on m’a rendu une porcherie ; on m’a confié une maison, mais je n’ai pas dû faire les choses bien parce qu’on ne me l’a plus jamais proposée, j’en suis gênée. »

On a tous de ces anecdotes dans un sens ou l’autre, qui nous font comprendre que la maison, c’est quelque chose d’important : c’est le lieu d’intimité, de sécurité, le lieu où l’on marque le plus notre personnalité…

Ca montre bien ce qui se passe dans l’image de la maison qu’utilise Jésus pour parler à ces disciples de leur situation dans le monde où ils vivent. Jésus parle à ses disciples, bien sûr mais à travers eux c’est de nous dont il est question ! Jésus se met dans la peau de toutes ces personnes qui confient leur maison, en faisant confiance à ceux qui sont sensés en prendre soin…aïe, aïe, aïe ! Jésus s’en va et confie sa maison, le monde à ses disciples en qui il a la plus grande confiance.

oilà alors plusieurs pistes de réflexion :

D’abord c’est une conception du monde intéressante que de le prendre pour la maison de Dieu. Jésus coupe là avec toute une tradition de mépris et de rejet du monde. En général, les saints des religions doivent se préserver des souillures du monde, rechercher la pauvreté, l’oubli de soi, renoncer au monde d’une manière générale. Ou encore ils doivent être en conflit contre le monde qui est mauvais, ils doivent se battre contre ce monde, source de bien des malheurs très actuels… À l’inverse les saints que nous sommes à la suite des disciples de Jésus sont dans le monde comme dans une maison dont ils doivent veiller à l’entretien et au bon fonctionnement.

Chacun y a sa tâche, nous dit Jésus. Le maître de l’histoire s’en va en donnant son travail à chacun des serviteurs. C’est donc là un appel à ne pas se détacher du monde mais bien au contraire à s’y plonger, à y faire le ménage, à réparer les dégâts éventuels, à protéger et entretenir la maison d’une manière générale.

Et je crois là que c’est déjà une vision positive de la vie, des choses, du monde en lui-même : le monde est aussi important aux yeux de Dieu que peut l’être notre propre maison pour nous.

Ensuite dire que le monde est la maison de Dieu, c’est finalement dire qu’il n’y a rien d’autre à faire ailleurs que dans cette maison.

Inutile de se soucier de l’endroit où se trouve le propriétaire, ni même de se demander ce qu’il est en train de faire. Chaque serviteur a une mission, à lui de l’accomplir sans demander des comptes sur ce fait le maître, et sans regarder si l’autre serviteur fait son travail ou pas !!

Ce qui compte c’est que chacun d’entre nous fasse ce qu’il a à faire et qu’il le fasse du mieux possible en fonction des circonstances. Que le monde soit la maison de Dieu signifie aussi que nous devons embellir cette maison de la même manière que nous le faisons pour des hôtes de marque. Faire en sorte qu’elle soit la plus belle possible, la plus accueillante possible.

Troisièmement ce qui compte, et j’aurais certainement dû dire « premièrement », c’est que le maître nous fasse confiance. À nous, à vous, à moi, à toi. Et pourtant Dieu sait, c’est le cas de le dire, que nous ne la méritons pas forcément, sa confiance. Et à voir le monde que nous construisons, on pourrait se dire qu’effectivement nous ne sommes pas vraiment dignes de cette confiance. Mais je crois qu’il faut aussi arrêter de se dénigrer sans cesse, de se plaindre sans arrêt sur les malheurs du monde et de notre vie, sur ce monde qui fiche le camp, etc.…S’il ne faut pas se leurrer et se cacher les problèmes du monde, de la maison que nous sommes chargés de garder, il faut aussi voir tout ce que nous avons déjà réussi à réaliser depuis le temps de Jésus. Combien de maladies ont disparu ? Combien d’enfants ne sont pas morts de faim, de froid ou de la guerre grâce à des hommes et des femmes de bonne volonté dans la maison de Dieu qu’est le monde ? Nous devons cesser de croire que notre monde actuel est terrible en idéalisant le temps de Jésus et des apôtres. En ce temps, la vie était au combien plus cruelle et difficile je crois qu’aujourd’hui. Nous avons tendance à oublier tout cela en oubliant en même temps la chance que nous avons de vivre aujourd’hui plutôt qu’hier. Les regrets ne sont que nostalgie ; or, nous sommes appelés à aller de l’avant !

Dernière chose importante dans cette image, c’est que nous ne sommes jamais que des locataires de cette maison du monde. Ou plutôt des occupants à titre gratuit, ou encore plus précisément nous ne sommes jamais que des serviteurs. Nous pouvons bénéficier de tout le confort de la villa en l’absence du maître, nous baigner dans la piscine, faire des fêtes dans le salon, mais ne jamais oublier que cette maison, ce monde n’est pas notre propriété. Que nous ne sommes pas libres d’en faire n’importe quoi, ce que nous voudrions en faire. C’est ce qu’essayent de dire par exemple certaines personnes lorsqu’elles parlent de notre responsabilité envers « les générations futures ». L’idée est bonne que d’insister ainsi sur la responsabilité que nous avons de préserver le monde et la nature pour que nos enfants puissent en profiter également. Mais, en fait, nos enfants ne sont pas plus que nous propriétaires de la terre.

Eux aussi auront à y veiller en attendant que le maître revienne ! Mais justement quand reviendra-t-il ? Tout le problème est là. Le 21 décembre 2012 ?!!! C’est d’actualité !! Certains craignent ce retour en voyant des images de feu, de tonnerre et de destruction, la fin du monde quoi !! Apocalypse now !!!

En lisant le dernier livre, l’apocalypse justement, on voit que la fin des temps ne sera pas une catastrophe cosmique, une explosion. L’apocalypse montre aux croyants qu’ils n’ont rien à craindre de l’avenir, qu’ils n’ont aucune raison d’avoir peur pour leur vie. Il s’agit de nous encourager dans notre action quotidienne. Les premiers chrétiens ne pouvaient pas savoir quel serait le destin de leur nouvelle religion, ils étaient obligés de rompre avec leurs familles, leurs amis, leurs métiers. Ils étaient souvent exposés à des difficultés pour trouver un travail en raison de leur foi. Ceux qui entendaient le livre de l’apocalypse, comme ceux qui entendaient les premiers cet évangile de Marc se demandaient si ça valait bien la peine de souffrir ainsi ou s’ils ne devaient pas plutôt tout laisser tomber. Finalement à quoi bon tout ça ?

C’est finalement toujours la même question, à quoi bon ?

Quel est l’intérêt de la foi chrétienne ? Ne vaudrait-il pas mieux faire comme si de rien n’était et chercher à construire sa vie de la manière la plus plaisante qui soit ? À quoi sert-il de se torturer l’esprit pour vivre l’évangile fidèlement ? Toute une série de questions d’aujourd’hui auxquelles Jésus le Christ veut répondre par cet encouragement. Lorsqu’il nous dit « Veillez », ce n’est pas tant un ordre qu’une espérance. « Ne vous inquiétez pas, faites ce que vous avez à faire, de la manière dont vous pensez devoir le faire mais ne vous lassez pas de faire le bien, faites le autant qu’il vous est possible, selon vos moyens ».

Car le retour du maître, c’est demain, il est proche. Et je trouve que la maison est vraiment en chantier : regardez comme ici il manque de fraternité ; comme là, ça manque d’une touche d’écoute ; et là, dans la pièce d’à côté, il manque de l’engagement, et le ménage laisse à désirer, ménage de tout ce qui pourrit la vie, nettoyage de l’indifférence, du non-partage, et des propos blasés…Vous me direz que cela fait 2000 ans qu’on l’attend et qu’on en voit toujours rien venir.

C’est bien, ça nous laisse juste le temps de ne pas faire comme les ados à la fin d’une fête quand ils savent que les parents vont rentrer dans cinq minutes : ils ne font pas un vrai ménage, ils planquent ! Sous les tapis, derrière les canapés…Nous n’avons pas à nous voiler la face en bricolant un peu ; nous sommes appelés, dès maintenant, à prendre conscience que nous sommes tous serviteurs, avec une tâche, à faire non pas à la va-vite, mais consciencieusement. Et je crois que le maître, même si nous le croyons loin, prend régulièrement des nouvelles de la maison ; et se réjouit chaque fois qu’une vie se reconstruit, chaque fois que nous sommes réellement fraternels, réellement concernés les uns par les autres, réellement en situation de partage, en action, manches relevées, les manches de notre cœur !

Le maître de maison nous a confié une tâche ! À nous de nous montrer dignes de sa confiance. Et comme c’est encore un peu le chantier, au travail !

Amen !!

Nathalie PAQUEREAU