Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

DIMANCHE 28 JUIN 2009

Culte à Gap-05

Textes bibliques:

Esaïe 43, 18-25

MARC 5, 21-43

2 Corinthiens 1, 18-22

La fille de Jaïrus et la femme malade

Ah vraiment, on peut dire que les femmes ont une petite santé !!! Entre la fillette morte et la femme qui perd son sang depuis 12 ans, on peut dire que la gente féminine n’a pas grande forme dans ces passages !!!

Bon, c’est vrai qu’on dit parfois que les hommes se plaignent et font les mourants pour le moindre petit bobo alors que les femmes endurent sans trop se plaindre… !!!

Mis à part ce point commun de ces deux femmes en piteux état (pour ne pas dire plus !), bien peu de points communs se retrouvent dans ces deux profils féminins et dans ces deux récits entremêlés.

Un premier point commun tout de même me semble essentiel, dont nous reviendrons pour nous aujourd’hui : ces deux femmes sont des…mort-vivantes !

La première est morte, mais elle est vivante ; la seconde est vivante, mais elle est morte…hou la, ça se complique. Nous allons y revenir.

Le second point qui me paraît aussi central, c’est l’audace des personnes.

Enfin, le troisième point, c’est ce « ne crains pas, crois seulement », véritable ligne de vie.

Alors, entrons dans le texte !

La première, c’est la fille de Jaïrus.

Voilà un père qui aime son enfant, et c'est bien normal.

Sa fille est malade, il a sans doute entendu parler de ce Jésus qui guérit des malades. Certainement que lorsque tout allait bien, il ne s'est pas préoccupé d'aller vers Jésus. Il était chef de la synagogue, sa religion lui suffisait. Ce qu'il avait appris, ce qu'il pensait connaître de la foi.

Mais là, dans cette situation dramatique, il cherche un secours, une aide. Le seul espoir de guérison pour sa fille, c'est Jésus.

Alors il oublie son rang, sa position, lui, le chef de la synagogue, il va se jeter aux pieds de Jésus. Lui, qui était honoré, considéré, le chef de la synagogue, voilà que c'est lui qui se jette aux pieds de quelqu'un d'autre. Dégradant, déshonorant, folie que ce geste…

Jésus n'était en général pas tellement bien vu par les responsables religieux de l'époque. Mais le chef de la synagogue s’en fiche. Peu importe ce que les autres pensent, ou diront, peu importe son rang et sa position, il se jette aux pieds de Jésus. Par amour pour sa fille, et parce que sa fille est en danger de mort, il est prêt à faire ce qu'il n'aurait peut-être jamais fait. Il est prêt à s'abaisser, à oublier son honneur, peut-être son orgueil. Mais… il n'a pas encore totalement appris à faire confiance en Jésus, il est encore imbibé de sa religion, de sa conception, puisqu'il dit à Jésus: » Ma petite fille est à l'extrémité, viens, impose-lui les mains, afin qu'elle soit sauvée et qu'elle vive. » Il demande à Jésus de sauver sa fille, ça c’est super !, mais il lui indique la façon: » Impose-lui les mains. Afin qu'elle soit sauvée et qu'elle vive. » Il ne se rend sans doute même pas compte qu'il lui indique la façon de la sauver. Il a l'habitude de commander, de donner des indications. Oui, mais là, Jésus ne peut être le manipulé, l’ordonné !! Et l'homme indique à Jésus comment il doit sauver, guérir, et agir. Un peu comme nous quand nous voudrions que Dieu fasse ce qu’on veut et non pas sa volonté… !

Jésus aime, et ça aussi c’est un point central, le point central. IL aime et la fille et le chef de la synagogue ; alors il va ressusciter la fille, mais il va aussi lui apprendre quelque chose. A lui faire vraiment confiance. Indépendamment des circonstances et des raisonnements humains. La fille est près de la mort, il est urgent de faire quelque chose pour elle, le chef de la synagogue attend un geste de la part de Jésus. Le geste viendra, mais pas à l'heure imaginé par le chef de la synagogue, ni de la façon indiquée par lui.

Jésus se met en route, et voilà notre deuxième femme qui intervient !! Une femme atteinte de perte de sang depuis 12 ans. Et que se passe-t-il ? Simple incident de parcours ? Mais où sont donc les gardes du corps de Jésus ?!! Voyons, Jésus est pressé, il a à faire avec la fille de Jaïrus !!

Cette femme touche par derrière le vêtement de Jésus, et est guérie. Cette femme, qui comme le chef de la synagogue, lorsque Jésus demande, qui a touché mes vêtements, se jette toute tremblante à ses pieds, et lui dit toute la vérité. Alors que les disciples, une fois de plus, n'ont pas compris. Lorsque Jésus pose la question, « qui a touché mes vêtements », que répondent-ils ? » Tu vois la foule qui te presse, et tu dis, qui m'a touché? » Autrement dit, » il y a tellement de monde, tu ne la trouveras pas ». Et puis on ne va pas commencer à faire les chochottes hein, avec tout ce monde…Si Jésus commence à faire sa star… !

Les disciples ont leurs raisonnements, "trop de monde, impossible à Jésus se retrouver la personne qui l'a touché". Et Jésus va leur apprendre quelque chose, à ces braves disciples. Qui ont pourtant vu Jésus chasser des démons, apaiser la tempête, guérir beaucoup de monde.

Il ne leur fait même pas de reproche, il regarde simplement autour de lui. Et c'est la femme elle-même qui se jette aux pieds de Jésus, et lui dit toute la vérité. La femme a senti quelque chose lorsqu'elle a touché Jésus . Elle se sent coupable d'avoir touché les vêtements de Jésus par derrière, comme en cachette, sans le voir face à face.

Et c’est vrai que par rapport aux lois du judaïsme, elle est en faute : atteinte d’une perte de sang, elle est impure et rend impurs ceux avec qui elle a un contact physique. Mais Jésus la rassure, lui parle : ma fille, ta foi t'a sauvée; va en paix, et sois guérie de ton mal..

Jésus veut aussi lui apprendre quelque chose : dans son royaume, il n'y plus ni homme ni femme, plus de différence, elle n'est pas indigne de rencontrer le fils de Dieu, de lui parler.

Revenons-en à la fille de Jaïrus.

Pendant ce temps, elle est décédée. Pourquoi ? Pourquoi d'abord guérir cette femme malade depuis 12 ans et lui parler, quelques heures de plus ou de moins, qu'est-ce que cela change ? Jésus aurait pu et du selon notre raisonnement humain d'abord guérir la fille de Jaïrus, près de la mort, et ensuite cette femme. Logique humaine, qui n'est et de loin pas toujours la logique de Dieu. Dieu avait son plan : non seulement il voulait guérir cette femme et la fille de Jaïrus, mais il voulait aussi permettre aux personnes impliquées de faire un pas de foi, et d'apprendre quelque chose.

Amusant, d’ailleurs : Jésus est maintenant considéré comme impur, puisque la femme l’a touché…comment aller guérir quelqu’un quand on est impur ?

Voilà qu'après cette femme qui touche le vêtement de Jésus par derrière, et à première vue lui fait perdre du temps, des gens qui annoncent au chef de la synagogue que sa fille est morte. Jaïrus s'est jeté aux pieds de Jésus, il a imploré la guérison pour sa fille, maintenant elle est morte, c'est trop tard, il faut s'arrêter là ?

Eh bien avec Jésus, il n'est jamais trop tard. Rien ni personne ne peut arrêter Jésus de faire un acte d'amour, et de glorifier son Père. Jésus ne tient pas compte de ces paroles. Il les comprend, mais il ne se laisser pas décourager par elles. Les paroles humaines, parfois, découragent, même si elles ne sont pas mal intentionnées. Et Jésus dit au chef de la synagogue: « Ne crains pas, crois seulement. » Difficile pour le chef de la synagogue. Mais les paroles de Jésus valent mieux que tout raisonnement humain, que toute circonstance ou situation. Ce sont des paroles de vie. Lorsque des gens ne suivront plus le maître, et que Jésus leur dira: « Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? Simon Pierre lui répondra: Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ».

La foi, c'est une confiance absolue et inébranlable dans les paroles de Jésus. C'est faire plus confiance aux paroles de Jésus qu'à toutes autres paroles, ou qu'à toutes autres choses, nos raisonnements, notre appréciation de la situation. Humainement, pour la fille de Jaïrus, il n'y a plus d'espoir. Mais Jésus lui dit: « Ne crains rien, crois seulement ».

Jésus entre dans la maison de Jaïrus, et dit: Pourquoi faites-vous du bruit, et pourquoi pleurez-vous ? L'enfant n'est pas morte, mais elle dort. Est-ce que Jésus a menti ? Je ne crois pas. Je crois que le miracle a déjà eu lieu, au moment où le chef de la synagogue a fait confiance à ces paroles de Jésus: » Ne crains rien, crois seulement ». Jaïrus avait demandé à Jésus d'imposer les mains à sa fille. Est-ce que Jésus l'a fait ? Non, il l'a saisie par la main, et lui a dit, lève-toi. Ce n'est pas nécessaire de dire à Jésus comment il doit guérir, c'est même un manque de foi à mon avis, de confiance en sa souveraineté et sagesse d'action. Jésus guérit quand il veut où il veut.

Voilà : voilà donc nos deux mort-vivantes :

La première, la jeune fille, était morte ; physiquement morte. La mort avait fait son ouvrage, privant une petite jeune fille de vie ; mais Jésus affirme qu’elle dort seulement.

Jésus, par ce miracle, montre que ses paroles sont plus fortes que la mort. Il ne nie pas la mort, mais elle n'a plus la même signification. En Jésus, la mort a perdu son aiguillon dira l'apôtre Paul.

La deuxième, la femme qui perdait son sang était vivante, mais morte : relationnellement, spirituellement, non seulement elle souffrait dans sa chair, mais encore, considérée comme impure, elle était coupée des autres, interdite de vie normale, morte quoique vivante… enterrée dans son propre corps. Pire que la mort.

« Ne crains rien, crois seulement » signifie alors qu'il ne faut pas craindre la mort. Jésus a tout vaincu et si nous faisons confiance en ses paroles, nous n'avons plus besoin de craindre quoi que ce soit. L'amour bannit la crainte. Chaque fois que je crains quelque chose ou quelqu'un, c’est que je n’ai pas encore saisi pleinement l’amour de Dieu qui m’entoure, m’imbibe, me relève de toutes mes morts. Vraiment, c'est l'amour de Dieu qui chasse la crainte, dans la mesure ou je fais confiance à cet amour.

Nous aussi nous sommes peut-être des mort-vivants : à partir du moment où quelque chose nous empêche d’avancer, nous empêche d’aimer, nous empêche de faire confiance, nous sommes des mort-vivants. Et ce n’est pas le projet de Dieu que nous soyons des zombies !!!!

Alors, nous sommes appelés à marcher dans la direction de cet amour, apprendre à faire confiance dans les paroles de Dieu, de ce Dieu à qui aucune mort ne fait peur !. Ca suffit. « Crois seulement ». Nous n'avons plus besoin de craindre quoi que ce soit. Nous ne perdrons peut-être pas toute crainte d'un moment à l'autre, mais nous ne devons plus nous laisser dominer, abattre par la crainte, la peur. Lorsque la peur, la crainte s’immiscent en nous, nous pouvons nous rappeler cette parole de Jésus, « ne crains pas, crois seulement ». Elle est aussi pour nous. Et la répéter, et la redire, autant de fois qu'il faudra pour qu'elle imprègne notre esprit. « Ne crains pas, crois seulement. »

Amen !!

Nathalie PAQUEREAU