Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

Dimanche 15 juillet 2018

Culte à Gap (05000)

Lectures du jour :

Amos 7, 12-15

Marc 6, 7-13,

Éphésiens 1, 3-14

L’Église, « Chargée de Mission »

Chers amis, frères et sœurs,

Quand on nous parle des disciples de Jésus, nous avons facilement tendance à penser à une époque très lointaine, à ce passé vénérable où Jésus était en route, entouré de ses amis, en terre sainte.

Nous avons totalement oublié que Marc commence son Évangile par le récit du baptême de Jésus pour la seule raison qu’il veut parler de notre existence à nous ! De notre existence en tant que disciples, qui se situe entre le baptême et la croix, entre NOTRE baptême - et la croix de notre sauveur.

En effet, quand Marc nous parle, dans l’Évangile d’aujourd’hui, des « douze », il ne parle pas seulement de ces hommes qui ont suivi le rabbin de Nazareth. Il parle de la structure du peuple de Dieu qui apparaît déjà dans les douze fils de Jacob et les douze tribus du Peuple de Dieu. Il nous parle donc clairement de notre responsabilité en tant que baptisés.

Aussi, frères et sœurs, je vous propose de revenir au texte de Marc sous trois aspects : Leur situation au moment de ce passage, les moyens proposés et leurs actions à mener. Chaque fois nous y écouterons ce qu'il est dit de notre propre envoi en mission, là où nous sommes.

1. Commençons par leur situation et donc le contexte des propos de Jésus.

Dans ce texte de l’évangile selon Marc, Jésus se rend compte qu’il ne suffit pas, à lui tout seul, pour accomplir cette tâche qui est la sienne : annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu.

Aussi va-t-il mettre ses douze disciples au travail. A partir de maintenant, les Douze ne vont plus se contenter de suivre Jésus, mais ils vont, à leur tour, aller de l’avant ; être, eux aussi, témoins et porteurs du même message, car le temps presse. C'est pourquoi il multiplie par 6 sa puissance de travail : 6 équipes de 2 vont sillonner la Galilée.

Les Douze viennent de passer plusieurs mois avec Jésus, pour un temps de formation “théorique” (si l’on peut parler ainsi). Ils ont, en tout cas, suivi des cours avec un très grand maître, et cela a constitué ce que certains appelleraient une “école de disciples” ou un institut de formation théologique.

Mais ces disciples ont maintenant besoin d’effectuer un “stage pratique”, de faire leurs premières armes dans le concret de l’évangélisation ; c’est ce que l’on appelle la formation “sur le tas”.

Ainsi, le ministère des Douze est présenté comme une extension de celui de Jésus. Et les disciples de Jésus sont représentatifs de l’Église qui suivra, ce sont tous les chrétiens qui sont invités à cette formation théorique et pratique :

* dans le cadre de l’église, une formation biblique, formation théorique (“sur le papier”, pour ainsi dire), une préparation spirituelle aussi ;

* et puis, sur le terrain, à l’extérieur de l’église, la formation pratique et concrète.

En effet, Jésus n’a pas créé l’Église, n’a pas engendré des chrétiens pour qu’ils restent bien au chaud dans les temples et autres lieux de culte. Bien sûr, c’est bon et agréable ; c’est un aspect de la réalité de l’Église : être bien ensemble, vivre la communion fraternelle, se serrer les coudes, et il faut être reconnaissants au Seigneur pour cela.

Mais l’Église, fondamentalement, n’existe pas pour cela ; ou alors cet aspect-là n’est qu’un moyen au service du but pour lequel l’Église existe : transmettre l’Evangile à ceux qui ne le connaissent pas. l’Église, comme les Douze au temps de Jésus, est ainsi “chargée de mission”.

Et si Marc nous rapporte ces choses, c’est non seulement pour nous dire comment Jésus s’y est pris avec ses disciples, mais encore et surtout pour encourager ses lecteurs, pour fortifier le zèle missionnaire de l’Église, car ce que Jésus a fait a une valeur typique, exemplaire dans ce domaine.

2. Ce qui nous amène au deuxième point, celui des moyens proposés par Jésus et que retient Marc.

En envoyant ses disciples en mission, Jésus leur fait un certain nombre de recommandations. Celles-ci sont de deux ordres :

* d’une part, les conditions générales de leur voyage ;

* d’autre part, leur accueil et leur hébergement de lieu en lieu.

“Ne prenez rien avec vous pour le voyage, sauf un bâton ; ne prenez pas de pain, ni de sac, ni d’argent dans votre poche. Mettez des sandales, mais n’emportez pas deux chemises” (v. 8-9).

Je dois vous avouer que je ne connais personne, même parmi ceux qu’on qualifie de fondamentalistes, qui cherche à vivre aujourd’hui ces consignes très pratiques ! En réalité, il y a la lettre, mais aussi l’esprit de ces consignes de Jésus, car elles invitent à un état d’esprit, que l’on peut qualifier par trois mots : la simplicité, l’austérité, le dépouillement même.

Tout ceci peut se dire également au travers de quelques slogans :

— non au confort,

— non à toutes les sécurités humaines,

— oui à la confiance en Dieu.

Cette attitude, ce style de vie, fait penser aux pèlerins qui se rendaient à Compostelle, vivant de l’hospitalité là où ils passaient.

Bien entendu, l’application à la lettre serait difficile, surtout en notre monde où il est obligatoire d’être inscrit à la Sécurité Sociale, d’avoir des assurances multiples couvrant un maximum de risques.

Mais c’est tout de même un état d’esprit qui invite à vivre autrement, à vivre dans la confiance et la dépendance vis-à-vis du Seigneur qui donne le nécessaire, jour après jour.

Ce qui n’est pas sans rapport avec la demande que nous formulons dans la prière : ”Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour”.

Et dans les églises et les œuvres d’églises, nous pensons devoir assurer financièrement nos entreprises missionnaires et garantir autant que nous le pouvons travail et travailleurs, et c’est normal.

Même là où la plus grande partie des recettes provient de dons volontaires, une organisation intelligente et un travail constant de recrutement assurent toujours à nouveau que l’incertain puisse avoir lieu.

Dans ce domaine, la manière dont Jésus a conduit sa mission constitue, en tout cas, un correctif salutaire à l’esprit bureaucratique dans le travail de l’Église, et on se prend à souhaiter que personne dans nos églises n’ait une mentalité de fonctionnaire...

Comme évangéliser, c’est permettre à Jésus de prolonger son ministère, dans la puissance de son Esprit, au travers des disciples que nous sommes et de leur service. Mais il n’est pas question seulement de prêcher, d’annoncer la bonne parole, mais encore de vivre réellement le message dont nous sommes porteurs, d’agir avec l’autorité du Seigneur lui-même.

Et je crois bien que, lorsque nos églises auront retrouvé le chemin du Seigneur, quand elles auront retrouvé une confiance plus grande et une communion plus profonde avec lui, alors la puissance et l’autorité du Maître seront visibles et effectives dans nos vies et dans notre témoignage.

Par contre —et il vaut la peine de le préciser—, ces recommandations de Jésus ne riment pas avec insouciance ni avec imprévoyance, mais bien plutôt avec confiance.

Mais vous avez sans doute remarqué que Jésus envoie ses disciples deux par deux. C’est là une mesure admirablement sage notamment pour des débutants, qui se sentiront ainsi à la fois appuyés et contrôlés ; Jésus se rappelait-il le texte de l’Ecclésiaste (4/9-10):

“Deux valent mieux qu'un... Car, s'ils tombent, l'un relève son compagnon ; mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever !”

En effet, à deux, on s’encourage, on s’avertit, on se relaie, l’un prie pendant que l’autre témoigne,...

3. Voyons justement maintenant le contenu de la mission confiée aux disciples de Jésus que nous sommes :

Cette mission a deux aspects, deux dimensions :

Il y a tout d'abord la tâche d'annoncer l'Évangile, autrement dit la Bonne Nouvelle de Dieu.

Les apôtres invitent les gens à se convertir, c'est-à-dire à changer d'optique, de façon de penser et de façon de vivre. C'est le premier aspect de leur travail.

Le second aspect, c'est la guérison des malades. Beaucoup de gens sont libérés de leurs démons, de ces forces mauvaises qui les asservissaient.

Le message principal était donc la repentance. Ils prêchaient aux hommes qu’il fallait changer de comportement. Ce qui veut dire (c’est logique) qu’ils invitaient les gens à prendre conscience de leur erreur, à reconnaître qu’ils faisaient fausse route, à admettre qu’ils sont en situation de péché vis-à-vis de Dieu.

Alors, bien sûr, ce n’est pas un message qui plaît à tout le monde, y compris dans l’Église, mais celle-ci ne doit pas chercher à plaire, mais plutôt à transmettre le message qu’elle a reçu.

Et ce n’est pas uniquement une question de vocabulaire ; que l’on dise : “Vous êtes pécheurs” ou bien “Vous êtes sur une voie de garage”, l’essentiel c’est que le message passe, qu’il soit compris, car il est encore et toujours urgent, actuel.

Pour les disciples, ce message est accompagné de délivrances et de guérisons, qui sont autant de signes précieux destinés à confirmer la vérité du message et à manifester la proximité du Royaume de Dieu.

Et si le pouvoir sur les mauvais esprits est particulièrement souligné (2 fois dans le texte), c’est qu’il est l’expression la plus frappante de la puissance de la Parole de Dieu.

Quand les disciples prêchent, ce ne sont pas des mots creux qui sont jetés en l’air, mais il se passe quelque chose : le règne du mal recule !

Car l'autre axe de notre travail, comme du travail des apôtres, c'est de libérer les gens de leurs démons. Les démons ne sont pas une croyance lointaine des temps reculés.

Ces forces restent encore bien présentes et elles continuent de faire des ravages, que ce soit le démon du nationalisme, du racisme qui pousse au crime et à l'exclusion. Le démon de l'argent facile. Le démon de l'égoïsme qui entraîne le repli sur soi-même et engendre l'indifférence et le rejet.

Voilà autant de maux que nous avons à nous efforcer de guérir. La guérison, ce n'est pas seulement rendre la santé à un malade ou à un infirme. La Bible voit beaucoup plus large que nous, elle s'intéresse aussi aux maladies sociales.

Jésus a voulu que ses disciples fassent cette expérience. Il veut aussi que nous la fassions. Bien sûr, Jésus connaît aussi les échecs qui peuvent intervenir en cours de route.

C’est pour cela qu’il met les disciples en garde : Le chemin ne sera pas toujours facile - mais ce chemin sera toujours enrichissant, puisqu’il sera un cheminement dans l’Esprit du Seigneur. Faire route avec lui et en son nom, cela ne pourra jamais rester sans bénédiction.

Prédication et guérison, cette tâche des envoyés, c'est aussi celle de Jésus. Lui il prêche et il guérit. Ses apôtres le font aussi, fidèles à ce double ministère, à cette double façon de dire la libération des êtres humains, cette double façon de la réaliser.

Notre mission d'envoyés est la même que la mission des douze, nous sommes ceux que Jésus-Christ envoie dans le monde.. Notre travail en tant que chrétiens suit les deux mêmes axes de prédication et de guérison.

Nous avons à porter la Parole de Dieu, nous avons à dire la Bonne Nouvelle qui sauve du mensonge des idéologies et des propagandes qui les capture, pour les rendre esclaves.

Voici ce que Marc veut nous dire. Il nous rapproche de Jésus qui appelle chacune, chacun d’entre nous pour nous dire : Mettez-vous en route comme vos mères et pères dans la foi avant vous l’ont fait.

Allez, et vous verrez que vous aussi vous serez capables de faire l’œuvre du Seigneur.

Il vous arrivera même de rencontrer des gens, ceux qui se sont égarés et qui cherchent notre Seigneur. Vous serez à même de chasser les démons de l’isolement et de la solitude, de la fatigue et du défaitisme et tant d’autres démons qui règnent si fort autour de nous - et en nous.

Chacun-e répondra de ses choix, et de ses actes devant Dieu et devant les hommes et les femmes de demain. Notre monde a besoin de femmes et d'hommes, illuminés d'en-haut, qui dans ce monde rappellent que le but de l'existence est d'être une aide pour ses frères et sœurs en humanité.

Aucune de nos actions individuelles ou collectives, ne devraient condamner qui que ce soit à la marginalisation, à l'inutilité, à être victime de logiques de guerres armée, administrative, sociale, économique ou religieuse.

Que le Seigneur donne à nos églises de reconnaître leur faiblesse pour retrouver la puissance du Seigneur.

Ma prière, c’est qu’elles soient comme les disciples de Jésus : que sous une apparence misérable, elles puissent manifester la puissance du Seigneur qui agit encore aujourd’hui.

Sachons annoncer et manifester la repentance et la guérison qui lui est associée pour témoigner du Royaume qui vient !

Amen !

Heidi SAUSSE (Culte préparé par JP Bourguet - Aix en Provence - dans le cadre d'une assistance intra-consistoriale)