Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
DIMANCHE 2 Juillet 2017
Culte à 0rpierre (05700)

Lectures du Jour :
Matthieu 10, 34-42
2 Rois 4, 8-16
Romains 6, 3-11
« Suivre Jésus »
Relisons le texte d’aujourd’hui : « N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix mais bien le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère : on aura pour ennemis les gens de sa maison….Qui ne se charge pas de sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui voudra sauver sa vie la perdra et qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera »
Le discours est simple, les mots aussi : on ne peut échapper en tentant de spiritualiser et donc d’édulcorer un message qui sonne bien durement à nos oreilles.
Nous aimerions mieux oublier que Jésus n’est pas le pacifiste à tout prix qu’aujourd’hui on voudrait qu’il ait été. Il parle rudement, on préférerait n’avoir pas entendu.
Il envisage ici des oppositions à sa mission, oppositions parfois radicales et même mortelles, rappelons-nous la croix. On sent bien que le Maître ne veut pas couvrir ces manifestations d’hostilité d’un voile pudique qui masque les aspérités des situations. C’est que les accommodements ont des limites. On ne peut pas transiger toujours et sur tout. Il y a des paix qui sont des faux-semblants et même des trahisons.
Mais attention : de quelles oppositions s’agit-il ? Quel est ce glaive, quelle est cette croix?
Bien sûr, il n’y a pas ici une prédication masochiste que l’on confondrait avec la foi chrétienne. La souffrance n’est pas à rechercher pour elle-même. Elle n’a pas de valeur rédemptrice. Le Christ lui-même a tremblé devant la croix.
Il n’est pas non plus question de vivre entre père et fils, mère et fille, dans sa famille ou entre membres d’une même communauté en proférant réciproquement des condamnations au nom d’une sévérité orgueilleuse qui nous tiendrait lieu de morale.
Il s’agit de suivre Jésus. Le suivre, lui, plutôt que nos inclinations naturelles, nos affections, nos intérêts, nos ambitions, nos rêves. Le suivre, lui, plutôt que tout cela, car il s’agit de préférences : lui, plutôt que la vie que nous aimerions.
Mais il ne faut pas se voiler la face : le texte dit que suivre Jésus cela entraîne des conséquences terribles. Cela suscite, dans la vie du disciple comme dans celle du Maître, une hostilité violente et cela peut même amener à affronter la mort.
Qui fait cela aujourd’hui ? La réponse, si elle est honnête, vient tout de suite : personne!
En tout cas pas nous, pas moi.
C’est une réponse trop rapide. La question est gravissime, il faut la bien considérer : personne ? Non ! On connaît des femmes et des hommes qui ont suivi le Christ jusque-là. L’histoire du christianisme conserve avec une pieuse reconnaissance le souvenir des saints. Pas seulement ceux du calendrier, ou des canonisations. Pas seulement ceux d’un lointain passé. Il faut savoir regarder l’histoire humaine : il y a eu, il y a des gens qui, sans le dire ou en le disant, ont voulu suivre Jésus quelles qu’en soient les conséquences, estimant qu’il n’y avait pas de meilleure façon de vivre…et de mourir.
Appelons les des témoins. Des exemples rares, des vies peu communes, extraordinaires et quelquefois pour cela célèbres. Ils sont peu, c’est vrai. Mais ils sont, dans le cortège où nous sommes, les porteurs de flambeau.
Derrière eux marche une foule d’anonymes, moins éclatants, moins audacieux, plus timides, plus timorés. Ils hésitent parfois à avancer un pas. Pourtant ils voient où brille la lumière, ils savent où il faut aller, ils disent même, fut-ce en murmurant tout bas, que c’est là qu’ils veulent aller.
Cette foule, c’est nous. Nous à qui la Bible dit, quand nous voulons bien la lire, que l’amour de Dieu nous appelle. Nous qui, au culte le dimanche, écoutons la voix de l’Eglise qui, au nom du Christ, annonce l’évangile et essaye de nous aider à y conformer notre vie. Nous dont les proches, les amis et les frères offrent, quand on regarde bien, des exemples de fidélité, d’obéissance et de foi. Nous qui, au long de notre existence, avons fait des expériences, disons des expériences spirituelles, qui nous ont fait découvrir une petite partie de la puissance de l’évangile.
Mais nous sommes maintenant dans une autre époque. Nous ne risquons plus notre vie, au moins dans le monde occidental, en affirmant notre foi. Le christianisme est connu, accepté sinon suivi, comme d’autres religions. On n’emprisonne plus, on n’exécute plus pour des faits de religion. Suivre Jésus n’offre plus aucun risque. Mais cela a toujours un sens : Nous sommes toujours envoyés, comme l’ont été les disciples, pour annoncer l’Evangile et son importance à ceux qui ne s’en soucient pas et à ceux qui ne la connaissent pas encore. Nous n’avons plus à chasser les démons ou ressusciter les morts, et guérir les malades est maintenant au premier chef du domaine de la médecine ; mais suivre le Christ est toujours d’abord « aimer son prochain comme soi-même » et cela reste toujours d’actualité et peut se manifester de nombreuses manières et en particulier par le temps que l’on est prêt à lui donner. Quelle que soit l’époque, la civilisation ou le niveau de vie, donner son temps est toujours possible et c’est une manière de « donner sa vie ».
On est loin des disciples quittant tout et partant sur les routes sans le moindre bagage, vivant au hasard des rencontres, avec pour perspective d’être finalement arrêtés et probablement condamnés pour leur croyance. Mais maintenant comme alors, en France comme dans la Palestine d’autrefois, Jésus est toujours là pour nous demander de le suivre, le suivre pour une vie.
Il est venu et il y a eu dans le monde un homme qui a mis Dieu au-dessus de tout et d’abord de lui-même.
Il a introduit là un bouleversement, une conversion des valeurs humaines les plus traditionnelles. Il a donné un autre sens à tout ce que l’homme cherche. Aux mots les plus lourds de notre langage : la paix, la vie, la mort.
Cela a été vécu sur la terre et c’était le chemin de la véritable obéissance à Dieu. Cela a laissé des traces bien visibles et sur ce chemin le Christ est toujours là pour tendre la main et aider à marcher à sa suite.
Nous ferons monter vers lui notre appel : une prière pleine d’humilité, mais éclairée par la foi qui est ici d’abord confiance : nous ne savons pas marcher comme il faut. Mais nous voyons la lumière. Elle brille jusque dans notre nuit. Nous voulons avancer, même à tâtons, et nous osons demander à Jésus de l’aide pour avancer à sa suite. Pour que nous soyons, à la fin, à la toute fin, dignes de lui.
Dans l’Apocalypse il est promis à celui qui se réclame de lui que le Christ à son tour le proclamera sien devant Dieu.
Amen !
Jean Jacques Veillet