Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

La Première (et la seconde) Lettre

de PAUL aux CORINTHIENS

LES DEUX ÉPÎTRES AUX CORINTHIENS

Lorsque Paul arrive à Corinthe vers l'an 50, une population nombreuse vit dans une ville reconstruite depuis peu. La communauté chrétienne, quelques dizaines de membres, s'est recrutée essentiellement parmi les petites gens (1 Co 1.26-31). Comment créer une cohésion autour de la confession du Dieu un et convaincre de l'inconvenance de certains comportements pour qui reconnaissait désormais en Jésus le Messie de Dieu ? C'était là toute la difficulté à laquelle était confronté Paul, qui n'était resté que quelques mois à Corinthe. Des nouvelles reçues et les questions posées par écrit nécessitèrent donc l'écriture de ces deux lettres. La première, enfilade de sujets divers traités les uns après les autres, nous donne un aperçu des problèmes théologiques ou pratiques qui se sont très vite posés. La seconde nous apprend en particulier que Paul a été vigoureusement pris à partie et que les relations ont été très tendues avant que tout ne retourne à la normale grâce à la médiation de Tite. Nous plongeons ainsi au cœur d'un apprentissage difficile de la construction de l'identité en Christ dans un environnement fourmillant d'autres enseignements et valeurs. Tout en nous offrant de belles pages sur l'amour (1 Co 13) ou sur la résurrection (1 Co 15), elles nous rappellent également que la "puissance" de Dieu "donne toute sa mesure dans la faiblesse" (2 Co 11.9).

Daniel Gerber, Faculté de Théologie Protestante de Strasbourg

Dans « Paroles Pour Tous », le 15 Avril 2016

LES DEUX ÉPÎTRES AUX CORINTHIENS

La première lettre aux Corinthiens est un manuel de la vie chrétienne : comment vivre de la liberté à laquelle Christ nous a appelés dans le quotidien (chapitres 5 à 10) et dans le culte (chapitres 11 à 14). Le rappel de l'Évangile de la Croix et de la Résurrection encadre la réflexion (chapitres 1 à 4 et 15).

La seconde lettre aux Corinthiens formule la pensée de Paul sur sa vocation d'apôtre et sur le témoignage chrétien. Fondamentalement, il fait de la foi transmise le critère de vérité de l'apostolat : c'est la vie des églises qu'il a fondées qui le recommande (chapitres 1 à 7). Il souligne ensuite la reconnaissance mutuelle que symbolise la solidarité financière (chapitres 8 et 9). Il répond enfin, non sans humour, à des cercles qui sont gênés par son manque d'éclat : la puissance véritable qui oeuvre en lui est la grâce de Dieu. Celle-ci s'exprime clairement dans sa faiblesse car sa responsabilité est de disparaître derrière l'Évangile qu'il porte (chapitres 10 à 13).

Les deux ont été envoyées d'Éphèse et de Macédoine au milieu des années 50.

François Vouga, Église nationale protestante de Genève, professeur de N.T.,

Institut théologique de Béthel, dans « Paroles Pour Tous, le 3 Mai 2012

INTRODUCTION A LA PREMIÈRE ÉPÎTRE DE PAUL AUX CORINTHIENS

Écrite à Éphèse, probablement en 55, cette épître est clairement un écrit de circonstance. L'apôtre l'a rédigée pour répondre à des questions posées par les Corinthiens (7/1) sur différents problèmes confrontant les chrétiens, mais aussi à la suite de nouvelles inquiétantes reçues par l’intermédiaire des « gens de Chloé » (1/11).

C'est au cours de son deuxième voyage missionnaire que l'apôtre Paul a annoncé l'Evangile à Corinthe pendant 18 mois. Malgré l'hostilité des Juifs, il a pu y implanter une Eglise, composée principalement de païens convertis, issus des couches les plus humbles de la société (Actes 18/1-18).

L'Eglise de Corinthe, c'est la rencontre de l'Evangile avec un monde profondément païen.

Corinthe était alors une ville marchande, prospère, une étape importante sur la route entre Rome et l'Orient. Sa population était cosmopolite : Romains, Grecs, Juifs et autres orientaux s'y côtoyaient. Les cultes païens étaient nombreux et florissants. Le sanctuaire d'Aphrodite, avec son millier de prostituées sacrées, dominait la ville. Corinthe était devenu un symbole de débauche, tant l'immoralité y régnait. Dans ce cadre vit l'Eglise à laquelle Paul s'adresse.

Texte de Robert Somerville dans Parole Pour Tous

LA PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

Les lettres de Paul sont commandées par des événements précis ou des questions de ses destinataires :

A propos de ce que vous m'avez écrit... je vous répondrai... » (ch 7, v 1).

En l'an 55-56, il écrit d’Éphèse aux Corinthiens chez qui il est resté dix-huit mois. Il y a laissé de solides amitiés, le mot « frères » est plus fréquent qu'ailleurs, et des inimitiés (2 Corinthiens). Tout en rédigeant une première lettre aux Corinthiens (lire au chapitre 5, verset 9: «Je vous écrivais... »), il répond à des questions :

- Sur les rapports de la philosophie (sagesse) et de la foi, réponse : du chapitre 1, verset 18 au chapitre 2, verset 16 (et chapitre 4, verset 1 au chapitre 5 ?)

- Le Christ étant proche (chapitre 7, verset 29), doit-on encore se marier ? Réponse : chapitre 7

- Peut-on manger de la viande qui venait des sacrifices aux idoles ? Réponse : chapitre 8

- Sur les ministères et les charismes, réponse : chapitres 12 et 13.

- Le parler en langues, réponse : chapitre 14

- La résurrection, réponse : chapitre 15.

Or, des représentants voyageurs de Chloé, une commerçante, lui apportent de mauvaises nouvelles : c'est la pagaille à Corinthe. Il y a des clans (chapitre 1, versets 10 à 17; chapitre 3; chapitre 4; etc...). Un chrétien influent est en ménage avec sa belle-mère. Des chrétiens s'assignent devant les tribunaux. D'autres, se basant sur le tout-est-permis de Paul, fréquentent les prostituées des temples païens. Le repas du Seigneur est mal partagé, et parfois par des chrétiens ivres. Le culte, où règnent des femmes exaltées et ignorantes, n'est plus que pagaille. Etc... A vous de trouver les réponses que Paul intercale dans la lettre qu'il est en train d'écrire. En attendant, la grâce du Seigneur est avec vous (chapitre 16, verset 23).

Texte d’Alphonse Maillot dans Parole Pour Tous

INTRODUCTION A LA PREMIÈRE ÉPÎTRE DE PAUL AUX CORINTHIENS ch. 11 à 16

Vivre en disciples de Jésus dans un monde païen, telle était la vocation des chrétiens de Corinthe. Mais ce « monde » païen n'était pas seulement autour d'eux ; il était dans leur cœur, dans leur mentalité, et, tout spécialement, dans leurs attitudes religieuses.

Les chrétiens de Corinthe étaient tentés de rechercher dans les assemblées chrétiennes ce qui leur plaisait le plus dans les cultes païens : une exaltation mystique (ch. 11 à 14). Par ailleurs, ils restaient marqués par la pensée grecque pour laquelle le corps était la prison de l'âme. Le message de la résurrection heurtait cette idée et constituait un obstacle à la foi. Si la mort n'est pas la fin, elle ne peut être que la libération de l'âme hors de sa prison. On peut croire à l'immortalité de l'âme, pas à la résurrection. Mais, pour l’Évangile, croix et résurrection sont inséparables. Sans la résurrection, notre foi est vaine.

On a pu dire des épîtres de Paul qu'elles ont, en quelque sorte, soulevé le toit des églises du premier siècle pour nous permettre de voir ce qui se passait à l'intérieur. C'est particulièrement vrai de la première épître aux Corinthiens.

Texte de Robert Somerville dans Parole Pour Tous