Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
LA LETTRE DE PAUL
AUX PHILIPPIENS
L’ÉPÎTRE aux PHILIPPIENS
Aujourd'hui, sur le site archéologique de Philippes, le visiteur peut admirer une belle mosaïque avec le nom de Paul. Un peu plus loin, une prison illustre même l'endroit où l'apôtre aurait été incarcéré (Ac 16, 23). Ce que la tradition locale a ainsi voulu retenir de son passage témoigne de l'intérêt à la fois pour le personnage et pour son message dont le contenu s'harmonise volontiers avec celui envoyé aux Galates : la justice (...) vient de Dieu et s'appuie sur la foi (Ph 3, 9).
Texte de Claude Mourlam, Union des églises protestantes d'Alsace et de Lorraine
dans « Paroles Pour tous », le 2 Mai 2013
L'ÉPÎTRE AUX PHILIPPIENS
La ville de Philippes a connu un passé prestigieux. Mais l'identité macédonienne de l'époque d'Alexandre le Grand est oubliée quand le christianisme vient frapper à la porte de l'Europe. L'apôtre Paul y découvre une ville multiculturelle, avec des soldats romains vétérans, des Thraces, des Égyptiens, des Syriens et quelques Juifs de la diaspora. Cela signifie une grande variété de pratiques religieuses, sans compter le culte impérial officiel.
Le message de l'épître se verra d'autant plus centré sur le Christ seul. Dès l'hymne (baptismal ?) du chapitre 2, l'auteur ajoute à l'expression "obéissant jusqu'à la mort" la précision : "et la mort de la croix". Encore faut-il entendre par là que la croix n'est pas d'abord un acte isolé de sacrifice, mais l'aboutissement d'une existence de service et l'expression d'une solidarité avec la condition humaine et sa destinée. La croix, lieu symbolique de la relation du Christ avec Dieu et avec les hommes, inspire ici l'ébauche d'une nouvelle théologie chrétienne.
Cette lettre est aussi l'occasion de découvrir, au chapitre 3, un autre visage de Paul. Ce Pharisien à la conscience tranquille, se sentant irréprochable aux yeux de la Loi, va découvrir la force insoupçonnée de la justification par la foi. Cette confidence se transforme d'ailleurs en invitation à l'imitation.
Texte de Claude Mourlam dans « Parole Pour Tous », le 14 Mai 2007
L’ÉPÎTRE AUX PHILIPPIENS
L'épître est constituée de deux sections principales encadrées par une action de grâce et des exhortations :
Action de grâce pour la foi des Philippiens, du début jusqu'au verset 11. Ensuite, la joie de l'apôtre et des Philippiens dans l'œuvre de Dieu du verset 12 jusqu'à la fin du deuxième chapitre. Suivra, au chapitre trois, la compréhension apostolique de l'existence comme modèle pour les croyants. Enfin, au chapitre quatre, les exhortations et les salutations finales.
Dans cette épître, Paul appelle ses destinataires à l'imiter. C'est mal comprendre Paul que de penser qu'il se présente, de par sa foi et son comportement, comme l'être parfait à imiter. Si l'existence de l'apôtre consiste à être trouvé en Christ avec une justice qui ne peut venir que de Dieu et de la confiance qu'il lui fait, alors la foi est une mise en question radicale et le renversement de tout idéal de perfection. Ce renoncement à la perfection religieuse constitue l'essentiel du récit que l'apôtre fait de sa conversion. Paul présente deux compréhensions de l'existence, symbolisées par deux manières de se glorifier : se glorifier dans le Christ Jésus ou mettre sa confiance dans la chair, et par deux conceptions de la justice : sa justice propre, qui est par la loi, et la justice de Dieu, qui est par la foi de Christ. Elles sont ainsi opposées l'une à l'autre.
Texte d’Elian Cuvillier dans « Parole Pour Tous », le 28 Mai 2003
L’ÉPÎTRE AUX PHILIPPIENS
Paul a fondé l'Eglise de Philippes vers l'an 50. Quelques dix ans plus tard, en prison, sans doute à Ephèse, il rédige cette lettre, contre des missionnaires chrétiens judaïsants qui prônent l'observance des prescriptions mosaïques, notamment la circoncision. Il ne cède pas sur ce qu'il a reçu. Il sait qu'il n'a pas découvert le Christ par lui-même : « il a été saisi par Jésus-Christ », ce Seigneur que célèbre l'hymne liturgique des premiers chrétiens qu'il cite.
Jadis, Paul était à l'image de ces missionnaires, plus performant même. Il a été Saul de Tarse, « circoncis le huitième jour, de la race d'Israël, Hébreu fils d'Hébreux, irréprochable ». Parfait donc, et pourtant si loin de Dieu ! Tel est le paradoxe. Car les marques d'identité que l'homme cherche à faire valoir devant Dieu sont sans importance aux yeux du Dieu de Jésus : « Je considère tout cela comme des ordures », dit Paul. Devant Dieu, la seule marque d'identité est le nom de « fils » qui est toujours un don, une grâce. « Imitez-moi », déclare alors Paul. L'expression peut choquer. Il s'agit pourtant d'une imitation en creux : Paul n'est pas un exemple à suivre pour ce qu'il est, mais pour ce qui ne vient pas de lui et qui fait sa valeur, sa gloire et sa joie.
Texte de Jean-Daniel Causse dans « Parole Pour Tous », le 10 Mai 1999
Texte de Jean-Daniel Causse dans « Parole Pour Tous », le 10 Mai 1999
L'ÉPÎTRE AUX PHILIPPIENS
Philippes est la première ville d'Europe gagnée par le christianisme. Quand Paul arrive pour l'évangéliser, sans doute quelques vingt ans après la mort et la résurrection du Christ, il y trouve une population très cosmopolite qui pratique des cultes divers : culte impérial, cultes indigènes, cultes étrangers, culte juif...
Quelques années plus tard, Paul, prisonnier, correspond avec l'église de Philippes. Il montre aux Philippiens combien sa captivité est bénéfique à l'annonce de l'évangile : non seulement les gens du prétoire (des païens) ont été amenés à entendre la bonne nouvelle de Jésus-Christ, mais de nombreux membres de la communauté s'en sont trouvés fortifiés dans leur annonce de l'évangile.
Cet optimisme ne peut faire oublier le ton polémique de la lettre : Paul reproche à certains d'annoncer l'évangile pour servir leurs propres intérêts et de considérer sa détention comme un handicap pour la vie de la communauté.
Qui a raison, de ces prédicateurs chrétiens ou de Paul ? La lecture de l'épître montre à quel point la recherche de la vérité et l'annonce de l'évangile sont, dès le début du christianisme, inséparables de la diversité.
Texte d’Isabelle PARLIER dans « Parole Pour Tous »
L'ÉPÎTRE AUX PHILIPPIENS
La lettre adressée par Paul aux Philippiens est un texte court mais fort et tout en contrastes, du fait des sentiments, des enjeux qui y sont exprimés et aussi de l'histoire de sa rédaction.
- Les sentiments : Paul a fondé cette communauté durant l'un de ses voyages (Actes 16,9 et ss). Etape importante de sa mission, puisque c'est la première ville européenne que l'apôtre a évangélisée. C'est dire que des liens privilégiés unissent Paul et les chrétiens de Philippes. En témoignent les nombreux termes qui expriment la joie, l'affection, la reconnaissance.
- Les enjeux : le ton devient celui d'une vive polémique, lorsque Paul met la communauté en garde contre ceux qui la menacent, certainement des prédicateurs itinérants judéo-chrétiens, plus préoccupés de leur gloire personnelle que de celle du Christ. A plusieurs reprises l'auteur exhorte ses destinataires à plus d'unité, d'amour, d'humilité, ce qui permet de penser que les « adversaires » désignés par Paul ont déjà semé la discorde dans la communauté.
- Histoire de la rédaction : si le texte actuel forme un tout cohérent, des ruptures de ton, de style (3, 1 notamment), des changements de thème sans transition invitent à faire l'hypothèse de trois lettres d'abord indépendantes, réunies ensuite : celle dans laquelle Paul remercie la communauté pour son don (4,1020), celle (1-3, 1a-4, 2-7) qui évoque la situation de l'apôtre en prison et de la communauté celle enfin qui s'attaque aux adversaires (3, 1b-4, 1-4, 8-9).
Texte de Sophie SCHLUMBERGER dans « Parole Pour Tous »
INTRODUCTION A L'ÉPITRE AUX PHILIPPIENS
L'Eglise : lors de son deuxième voyage missionnaire, Paul a une vision. Dieu lui demande de changer de programme et de se rendre en Macédoine. Il s'embarque donc avec ses amis et rejoint la ville principale de cette province : Philippes (Actes 16). Là il rencontre quelques coreligionnaires juifs et leur prêche l'évangile. Lydie, la première, embrasse la foi ce qui fait d'elle la première chrétienne d'Europe.
La Ville : C'est Philippe II, père d'Alexandre le Grand qui donna son prestige et son nom à cette riche ville minière. Plus tard colonie romaine elle jouissait de grands privilèges. Sa situation géographique en faisait un point stratégique important. Elle contrôlait en effet les grandes voies de communications terrestres entre l'Asie et l'Europe. L'implantation d’une communauté chrétienne à Philippe devait donc favoriser l'expansion de l'évangile. Nous en sommes les grands bénéficiaires...
L'Epître : Cette lettre surnommée paradoxalement l'épître de la joie, est écrite en prison, à Rome pour certains, plus vraisemblablement à Ephèse. Paul profite du voyage de son ami Epaphrodite pour remercier par écrit, l'Eglise de Philippe. Celle-ci vient de lui envoyer le fruit d'une collecte. Après quelques nouvelles, l'essentiel de la lettre repose sur quelques fortes recommandations à vivre l'unité. Un hymne au Christ chanté ou récité le dimanche au culte et connu de tous une des plus anciennes confessions de foi (Phil. 2.5-11) est le centre de cette exhortation et le joyau de toute l'épître.
Texte de Joël Baumann dans « Parole Pour Tous »