Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

Dimanche 22 mai 2016

Culte à TRESCLEOUX (05700)

Lectures du Jour :

Proverbes 8, 22-31

Jean 16, 12-15

Romains 5, 1-5

Qu’est-ce qu’un monde de paix ?

« Nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur J.C. » Voici ce que Paul affirme aux petites communautés de chrétiens qui vivent à Rome..

C'est ce que nous avons annoncé en ce début de culte: « la grâce et la paix-vous sont donnés de la part de Dieu et de J.C. Notre Seigneur »

Il y a quelque temps, mon grand frère me disait gentiment mais « fermement »: « oh mais toi tu vis dans le monde des bisounours »! Tout ça parce que je cherchais à arrondir les angles et relativiser les choses...

Mais qu'est-ce que ça veut dire un monde de bisounours? Et est-ce qu'il pourrait exister? Est-ce que ce serait ça un monde de paix? Et une fois qu'on a dit ça qu'est-ce qu'on en fait?

Chaque jour nous sommes confrontés à la guerre, à la violence: pas un matin qui ne soit chargé de mauvaises nouvelles, d'accidents, d'attentats, de morts, de haine... Chaque fois on se dit que ce n'est pas possible, on ne comprend pas pourquoi, on doute même... Le monde des bisounours, on en est loin.

Les medias nous parlent plus facilement de drames que de ce qui est arrivé de beau dans notre monde, dans notre ville, dans notre quartier. Et oui, le drame, ça fait monter l'audimat...

Parce qu'en fait, on a peur.

Peur que ça nous arrive, peur de souffrir, peur de mourir.

Et quand on a peur, on cherche à être rassurés. Au lendemain des attentats du 13 novembre j'ai fait comme beaucoup: j'ai appelé mon fils qui vit à Paris et lui ai demandé si tout allait bien pour lui, pour ses amis... Et j'ai été soulagée quand j'ai su qu'il avait été préservé. Soulagée et même reconnaissante. Reconnaissante à Dieu.

Mais j'ai cru entendre la souffrance de ceux qui avaient, eux, perdu leur fils.

Que pouvaient-ils penser? Que « nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur J.C. » ?...

Oui, je crois que nous devons nous poser la question de l'intervention de Dieu dans nos vies d'humains.

En fait, je ne crois pas que Dieu manifeste sa toute-puissance en intervenant ou non directement dans les catastrophes ou les guerres des hommes...

Il n'est pas une assurance tous risques et ça, nous avons du mal à l'accepter.

Nous sommes un peu comme les hébreux qui à peine libérés de l'esclavage réclamaient à Moïse un roi, un chef, un vrai, même si ça signifiait une nouvelle autorité, une nouvelle soumission, un nouvel esclavage... : nous attendons un protecteur, puissant et infaillible. Une assurance tous risques en quelque sorte....Nous sommes tout à fait humains car quand on a peur, on est plutôt tenté de rechercher un appui fort, que l'on voit, que l'on entend et qui, à toute question a une réponse. C'est du concret, c'est du béton.

1.

Eh bien, Dieu, ce n'est pas un chef au pouvoir royal, à la puissance et au droit divins...

Dieu, il est humble et discret.

Il ne mettra pas fin à une guerre que nous nous serons déclarée; il n'empêchera pas une inondation ou un dérèglement climatique liés à l'exploitation aveugle que nous faisons de notre terre. Non.

Le grand malentendu du disciple, de l'élève, c'est bien de croire que le maître va répondre à sa place à toutes les questions qui se posent à lui. Il en est de même pour nous! Dieu ne répond pas à toutes les questions possibles, les situations possibles. Il nous donne des outils pour répondre nous-mêmes aux questions, aux événements auxquels nous sommes confrontés.

C'est un peu comme quand il y a une fuite d'eau et qu'on est tout seul pour y faire face, eh bien, soit on compte sur le plombier et on pleure s'il ne répond pas, soit on essaie de trouver une solution (même si ce n'est pas aussi bien fait que le plombier) et alors là, on a une sacrément bonne dose de satisfaction si on y arrive!

Eh bien, Dieu c'est un peu ça qu'il nous donne : il nous dit que nous sommes capables de grandes choses par nous-mêmes, qu'il nous a donné l'essentiel et que nous pouvons foncer! C'est une sacrée dose de confiance en nous qu'il nous donne là.

Et il nous délivre ainsi de l'appréhension, du sentiment d'impuissance, d'abandon, du désespoir; en 1 mot: de la peur...

2.

Dieu nous délivre aussi de la culpabilité qui nous ronge parfois d'être … des hommes parfois bien enclins au mal.

Nous aimerions tellement être comme lui, foncièrement bons.

Mais Dieu nous dit qu'il nous prend comme nous sommes, c'est à dire des hommes qui parfois aimeraient être des dieux. Des hommes capables du pire comme du meilleur. Il nous connait vraiment bien!

Alors, pour apporter un peu de paix dans nos esprits torturés, il nous rappelle que nous n'avons pas à établir des listes de ce que l'on peut faire ou ne pas faire, de ce qui est à nos yeux, péché ou pas.

Deux risques à cela:

Le 1er risque serait d'appliquer aux autres (parfois avant nous-mêmes!) nos critères de bien et de mal et de porter ainsi sur eux un jugement que Dieu ne porterait pas lui-même.

Le second risque serait de s'enfermer dans un meaculpa stérile et se punir à chaque écart ce qui ne fait jamais vraiment avancer. Mais de ce côté-là, on a un peu moins de risques chez nous protestants car ce n'est pas vraiment le genre de la maison!

Non, le problème ce serait plutôt qu'en établissant nos propres tables de la loi, nous ne faisons pas vraiment confiance à Dieu... Et à partir du moment où il y a doute ou méfiance, le lien risque d'être rompu. Or, ce que l'on appelle « péché » c'est bien cette rupture du lien entre nous et Dieu, cette distance qui nous éloigne de lui.

Quand « nous avons la paix avec Dieu » nous lui faisons confiance même si nous ne comprenons pas toujours l'immensité de son amour.

3.

Et enfin je terminerai en disant que ce que je trouve le plus « apaisant » dans le message de Dieu, c'est cette simplicité avec laquelle il est en relation, connecté avec chacun de nous.

Tout d'abord, c'est lui qui, de sa propre initiative, nous offre son amour. Ce n'est pas nous qui le méritons.

Nous avons tout simplement à l'accepter et à en faire quelque chose dans notre vie. L'essentiel c'est d'être prêt, disponible à tout moment car parfois il peut nous surprendre : là où nous pensions que tout était mort, il y avait une vie... Dans les pires violences, il y a des solidarités inimaginables...

Ensuite, nous pouvons lui parler où que nous soyons et de toutes les façons possibles, seul ou comme ce matin tous réunis, dans ce temple, devant un bout de terre, notre fenêtre, nos bêtes, un ordinateur ou des gens qui passent... Nous pouvons le prier en l'appelant Dieu, Seigneur, Notre Père, Jésus-Christ.

Et puis enfin, il nous parle, il nous écoute, il reste parfois silencieux mais il est là, présent et c'est alors une certitude. Un peu comme le jour où vous sentez qu'il y a quelque chose de fort qui passe entre quelqu'un et vous. Vous ne savez pas pourquoi, vous ne pouvez pas le décrire avec des mots scientifiques mais c'est là.

Et qu'est-ce que ça fait du bien!

Alors on peut l'appeler le Saint Esprit, l'Esprit Saint, le souffle de Dieu...

Peu importe, Dieu est là et c'est tout simple.

Et quand les choses sont simples, on est bien!

« Confie à Dieu ta route » disions-nous tout à l'heure

« Dieu sait ce qu'il te faut »

Réalisons comment Dieu manifeste sa puissance dans nos vies,

Restons des hommes et faisons confiance à Dieu pour le reste,

Et laissons nous surprendre: croire en Dieu, c'est tout sauf compliqué!

Amen !

Isabelle CHRISTOPHE-CHABAS